Éducation à la sexualité à l'école : trois associations attaquent l'État en justice
Les associations SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial attaquent l’État pour le contraindre à organiser chaque année au moins trois séances d'éducation à la sexualité à l'école, comme le prévoit la loi de 2001.
"Mettre l’État devant ses responsabilités" et "demander l’application pleine et entière de la loi de 2001". C'est ce que stipulent dans leur requête du 1er mars les associations SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial. Dans un communiqué commun, elles annoncent attaquer l’État français devant la justice administrative pour le contraindre à organiser des séances d'éducation à la sexualité à l'école et lancent à cette occasion le mouvement "Cas d'école"
Des thématiques "délaissées par les autorités"
En effet, d'après le code de l’Éducation, les élèves des écoles, collèges et lycées doivent bénéficier d'au moins trois séances annuelles d'éducation à la sexualité, y compris une sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles. Dans la pratique, on est toutefois loin du compte, affirment les associations, pour qui ces thématiques "restent délaissées par les autorités publiques".
Un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation paru en 2021 avait rapporté que l’objectif n’était pas atteint. Un récent sondage Ifop réalisé auprès d’un million de jeunes de 15 à 24 ans ajoute que 17% des personnes sondées affirment n’avoir jamais eu aucun cours sur la question, et parmi les autres, seul un tiers dit avoir bénéficié des trois séances annuelles prévues.
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Moins de connaissances et plus de violences sexuelles
Or, cette non-application de la loi, selon les trois associations, aurait entraîné une hausse de 33% des violences sexuelles entre 2020 et 2021. Par ailleurs, "depuis des années, on constate une dégradation des connaissances des jeunes sur le VIH", a souligné Florence Thune, directrice générale de Sidaction.
Pour les associations, seule une éducation à la sexualité, "dès le plus jeune âge", doit permettre de "s'attaquer à la racine des inégalités et des violences de genre".
Pour Lucile Jomat, de SOS Homophobie, le gouvernement est "frileux" sur ce sujet, notamment après la violente polémique autour des "ABCD de l'égalité" en 2014 : ce dispositif visant à promouvoir l'égalité filles-garçons avait dû être été abandonné face aux polémiques, ses opposants ayant dénoncé une présumée "théorie du genre" qui nierait les différences sexuelles.
"Nous ne recherchons pas le contentieux à tout prix", a commenté de son côté Sarah Durocher, du Planning familial. "Tout ce qu'on demande, c'est que les séances soient vraiment mises en place."