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Enfants à la rue : des "conséquences énormes" sur la santé mentale

À l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, un rapport de l’Unicef France et du Samu Social s'inquiète de l'impact d'une vie à la rue ou en hébergements d'urgence sur les plus jeunes.

Mathieu Pourvendier avec AFP
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Plus l'enfant est jeune, plus ses conditions de vie peuvent être délétères pour sa santé mentale  —  shutterstock

Anxiété, dépression, troubles de l'humeur : la santé mentale des enfants privés du "cocon protecteur" d'un vrai domicile peut être affecté à court et moyen terme, mais aussi dans leur future vie d'adulte, affirment Unicef France et le Samu social dans un rapport publié lundi 10 octobre, à l'occasion de la journée mondiale de la santé mentale.

1 658 enfants dorment à la rue

Selon un décompte organisé en août par l'Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité, "plus de 42 000 enfants vivaient dans des hébergements d'urgence, des abris de fortune ou dans la rue", relève le rapport.

Seule une minorité de ces mineurs dort à la rue, 1 658 selon l’Unicef, "mais attention ! La vie en hôtel ou en foyer a aussi des conséquences énormes sur la santé mentale des enfants", souligne la présidente de l'Unicef France, Adeline Hazan. De plus, l’association Utopia 56 a constaté une augmentation du nombre d’enfant à la rue depuis un an.  

"La majorité va en payer les pots cassés"

Parmi ces mineurs, "une petite minorité sont des résilients qui en sortiront grandis, mais la majorité va en payer les pots cassés", affirme à l'AFP le pédopsychiatre Bruno Falissard. Celui-ci a apporté son expertise aux auteurs du rapport.

Plus l'enfant est jeune, plus ses conditions de vie peuvent être délétères pour sa santé mentale, selon ce spécialiste, notamment si le tout petit est privé "d'être au chaud, d'avoir à manger lorsqu'il a faim, d'être consolé quand ça ne va pas". Ensuite, "la sécurité de l'environnement a un pouvoir thérapeutique considérable", résume le médecin, pour qui "donner un toit à un sans-abri, ça marche mieux que de lui prescrire des médicaments".

Tension, violence intrafamiliale, maltraitance…

Surpeuplés, insalubres, les lieux de vie précaires peuvent devenir "sources d'angoisse" et peser sur l'estime de soi, le sommeil, l'alimentation et le stress. Adèle, 13 ans, témoigne dans le rapport :"il faudrait avoir des hôtels spécialement pour les familles, pas avec des gens qui boivent. On doit être en sécurité". 

Julio, 15 ans, déplore : "je mange sur mon lit". Le jeune homme vit avec sa famille dans une chambre d'hôtel de 9 m2. Une exiguïté qui peut entraîner des tensions, voire "des violences intrafamiliales et des situations de maltraitance", estiment les auteurs du rapport.

Comment agir ?

Selon les rapporteurs, les pouvoirs publics devraient "renforcer les moyens" d'une offre de santé mentale qui manque "cruellement" de professionnels. Or, ce manque est encore plus criant pour les enfants sans domicile, à cause d'une "discontinuité dans les parcours de soin" et de l'impossibilité pour les familles sans ressources de payer les dépassements d'honoraires des praticiens libéraux. 

De plus, l’Unicef a fait plusieurs recommandations : "promouvoir la santé mentale des enfants sans domicile en leur garantissant un environnement sûr, bienveillant et stable, propice à leur développement, à leur bien-être". L'association propose d'"améliorer la prévention et la détection des problèmes de santé mentale de tous les enfants en renforçant les leviers existants, avec une attention spécifique à la situation des enfants sans-domicile". Ensuite, l'organisation humanitaire souhaite une meilleure prise en charge des problèmes de santé mentale de tous les enfants.

Le nombre d'enfants qui dorment à la rue explose  —  Le Mag de la Santé - France 5

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