Enfants transgenres : la majorité continue de s’identifier à son genre de transition
Selon une récente étude, 94 % des enfants transgenres s’identifient toujours à leur genre de transition cinq ans après le début de leur transition sociale.
L’étude est parue dans American Academy of Pediatrics en août 2022. Déplorant l’existence de très peu de recherches sur la détransition des enfants, des chercheurs américains ont mené une étude sur le sujet, la plus large à ce jour. La détransition désigne le fait de revenir, après une première transition, au genre assigné à la naissance, ou bien de réaliser une nouvelle transition vers le genre non-binaire.
"Un nombre croissant d'enfants effectuent une transition sociale pour vivre conformément à leur identité de genre, plutôt qu'au genre attribué par leur sexe à la naissance. Ce processus implique généralement de changer les pronoms, le prénom, la coiffure et les vêtements d'un enfant", introduit l’étude.
Les transitions précoces posent question
Les transitions sociales dans l'enfance soulèvent certaines préoccupations. Certains s'inquiètent d'une éventuelle retransition si l'enfant ne s'identifie plus comme transgenre : "ce processus pourrait être pénible pour les jeunes", indiquent les chercheurs.
D'autres professionnels estiment, eux, que "les transitions sociales précoces peuvent être bénéfiques pour les jeunes. Des médecins et des universitaires soutiennent que les transitions sociales dans la petite enfance encouragent les familles à rester ouvertes aux retransitions", ajoute l’étude.
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Seulement 7 % de détransition
Les chercheurs ont donc suivi 317 enfants transgenres, dont 109 garçons et 208 filles. Les enfants avaient entre 3 et 12 ans - la moyenne d’âge se situant à 8 ans – et étaient tous en transition sociale, c’est-à-dire que les pronoms utilisés à leur égard étaient différents de ceux de leur naissance.
Après cinq ans, 94 % des jeunes continuaient de s’identifier à leur genre de transition. Parmi cette grande majorité, quatre personnes (soit 1,3 % de l’échantillon total) ont détransitionné deux fois : ils se sont identifiés en tant que transgenres non-binaires puis à nouveau en transgenres binaires.
3,5 % des jeunes s’identifiaient comme non-binaires. Enfin, au moment de la collecte des données, 2,5 % utilisaient des pronoms associés à leur sexe à la naissance et étaient donc considérés comme cisgenres. Le taux global de détransition s’élève donc à 7,3 %.
Accompagner les jeunes
"Ces résultats suggèrent que les détransitions sont peu fréquentes", expliquent les chercheurs."Les jeunes transgenres qui ont effectué une transition sociale dans leur enfance ont continué de s’identifier de cette façon".
Mais dans tous les cas, un accompagnement par l'entourage et les professionnels de santé est indispensable au moment de la transition et en cas d'éventuelle détransition : "la compréhension des détransitions est cruciale pour les médecins et les familles pour que les jeunes puissent vivre leur détransition de la meilleure manière possible", concluent d'ailleurs les auteurs.