Euro 2024 et JO de Paris : un risque accru de violences conjugales ?
Il existerait une corrélation entre le nombre de violences conjugales et les grands évènements sportifs médiatisés, selon plusieurs études. Comment prévenir ces violences et comment réagir ? Explications.
L'été s'annonce sportif. Entre l’Euro de football et les Jeux Olympiques de Paris 2024, les amateurs de sport s'apprêtent à vivre de belles semaines. Mais une ombre plane sur ces évènements : celle d'une hausse des violences conjugales. Plusieurs études ont en effet montré une corrélation entre violences conjugales et soirs de match.
38 % de plaintes en plus en cas de défaite
Une étude parue en 2013 dans le Journal of research in crime and delinquency a d'abord étudié une potentielle corrélation entre une augmentation du nombre de violences conjugales et les soirs de match de football. L’étude s’appuie sur les plaintes enregistrées lors des Coupes du monde 2002, 2006 et 2010 par la police du comté de Lancashire, dans le nord de l’Angleterre.
Les résultats sont troublants : sur les trois périodes étudiées, les violences conjugales auraient augmenté de 26 % pendant les matchs de l'Angleterre, et de 38 % lorsque l’équipe anglaise perdait. Cette étude avait été reprise par le National Centre for Domestic Violence en 2018 à l’occasion de la Coupe du monde, et avait proposé une campagne de sensibilisation sur le sujet. En parallèle, d'autres études ont démontré un phénomène similaire pour différents événements sportifs, tels que le rugby ou le football américain aux États-Unis.
Peu de données disponibles en France
En France, peu d’études portent sur le sujet. Jusqu’ici, aucun “élément probant” permettant d'établir un lien entre grands événements sportifs et recrudescence des violences n’a été déterminé, a indiqué auprès de Libération Françoise Brié, directrice de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF) qui gère notamment le numéro 3919, Violences Femmes Info.
Celle-ci précise cependant que les chiffres peuvent être faussés, car certains appels peuvent survenir plusieurs jours après les épisodes de violences. De nombreuses personnes ignorent également l’existence des numéros dédiés, ou décident de ne pas les contacter.
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L’heure de diffusion impacte le nombre de violences
Diverses hypothèses ont été émises pour expliquer cette hausse potentielle de violences. Lors d’un événement sportif, l’agressivité augmenterait à cause de la rivalité entre supporters ou du stress de voir son équipe préférée perdre. Le tout favoriserait des comportements violents de la part des agresseurs.
Ces matchs sont également fortement associés avec la consommation d’alcool, qui serait un des facteurs aggravants, selon une autre étude britannique publiée en 2021. “Les jeux programmés à midi ou dans l'après-midi permettent aux agresseurs de commencer à boire tôt et de continuer tout au long de la journée, ce qui conduit à un pic de violence domestique en fin de soirée par des agresseurs qui ont bu” précisent les auteurs de l’étude dans un communiqué.
Attention toutefois : ces éléments ne sont que des facteurs aggravants et ne doivent pas être considérés comme la cause réelle de ces comportements violents. “Le foot, comme l'alcool, les drogues ou les jeux d'argent ne sont pas des raisons, mais des excuses pour être violent” a déclaré auprès de Libération Sandra Horley, directrice de l’association britannique Refuge.
Quels dispositifs d’aide contacter ?
Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales et sexuelles, plusieurs dispositifs existent pour vous aider, notamment le numéro d’écoute Violences Femmes Info, au 3919. Celui-ci est défini comme “le numéro national de référence pour l'écoute et l'orientation des femmes victimes de violences (plus particulièrement conjugales)” et est mis en place par le gouvernement.
Vous pouvez aussi vous rendre sur la plateforme de signalement en ligne arretonslesviolences.gouv.fr ou envoyer un mail à l'adresse violences-sexuelles@federation.org.
À l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024, l'entrepreneuse Priscillia Routier-Trillard a également lancé le dispositif ProtéJOns, une plateforme proposant aux femmes victimes de violences des hébergements temporaires chez d’autres femmes inscrites.