Euthanasie : une anesthésiste condamnée à deux ans de prison
Une médecin anesthésiste a été condamnée à deux ans de prison avec sursis pour avoir euthanasié une patiente octogénaire en décembre 2018 à l'hôpital de Lavaur, dans le Tarn.
Euthanasier une patiente de 83 ans avec du curare. C’est ce dont est accusé une femme de 73 ans, médecin anesthésiste officiant à l’hôpital de Lavaur, entre Toulouse et Albi, dans le Tarn. Ce vendredi 22 décembre, elle a été condamnée à Albi à deux ans de prison avec sursis pour ce geste qui a eu lieu en 2018.
"Une fois, pas deux"
L'avocat général avait requis trois ans de prison avec sursis à l'encontre de cette femme de 73 ans, accusée d’avoir "volontairement donné la mort" à une patiente de 83 ans, à qui elle avait fait administrer une dose létale de curare.
"La peine avec sursis, qui est une peine d'avertissement - on dit à la personne : “Madame, une fois, pas deux” - nous est parfaitement admissible, compréhensible, juste", a déclaré à l'AFP Nicolas Nasser, l'avocat de la famille, après l'énoncé du verdict. "On a une famille aujourd'hui, à la veille des fêtes, qui, je pense, est apaisée, soulagée et peut enfin tirer le rideau à cette triste histoire", a-t-il poursuivi.
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"Pas d’intention criminelle" proteste l’avocat de la défense
Du côté de la défense, l'avocat Maître Laurent Belou a regretté la décision du tribunal. "On a plaidé l’acquittement. Notre discours, nos explications n'ont pas convaincu", a-t-il affirmé. Pour lui, "il n'y a pas d'intention criminelle", mais une volonté d'éviter "un acharnement thérapeutique".
Sa cliente est "très surprise du verdict puisqu'elle ne se considère pas comme meurtrière", a également ajouté Me Belou. "Au bout de 43 ans d'exercice de la médecine, terminer sur une accusation, puis une condamnation aujourd'hui, de meurtre, c'est extrêmement compliqué et dur".
Un projet de loi sur la fin de vie "courant février"
À l’heure actuelle, l’euthanasie (suicide assisté par un geste médical) est illégale en France. Mais après la convention citoyenne sur la fin de vie, majoritairement favorable à une aide active à mourir, Emmanuel Macron avait demandé à ses ministres un projet de loi "sur le modèle français de la fin de vie”. Ce projet devait être présenté "avant la fin de l'été" 2023 mais de nombreux paramètres l’ont retardé.
Il devrait finalement être "présenté courant février", après un plan décennal sur les soins palliatifs, a annoncé début décembre Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée aux Professions de santé. Ce projet de loi traite notamment de “l’aide active à mourir pour ceux qui le souhaitent, sous certaines conditions d’éligibilité qui ont été fixées par le président de la République", a encore déclaré la ministre.