Faut-il avoir peur de la chirurgie de prothèse d'épaule ?
La pose d'une prothèse d’épaule est envisagée en cas d'arthrose, de fracture complexe de l'épaule ou de grave lésion des tendons. Si elle a longtemps eu presse, cette intervention est aujourd’hui aussi fiable qu’une prothèse de hanche. Reportage.
"Ce geste-là, est très difficile à faire, celui-ci aussi. Pour mettre la main derrière la tête, ça me fait mal aussi. Pour me raser, c’est pareil, je suis obligé d’aider la main avec le rasoir pour me raser", explique Thierry Hertel, 56 ans.
Thierry est chauffeur manutentionnaire. Lors d’un accident du travail, il s’est rompu trois tendons à l’épaule droite. Les opérations pour les réparer n'ont pas fonctionné. Aujourd’hui, il doit donc se faire poser une prothèse.
Mise en place d'une prothèse inversée de l'épaule
"Il a une articulation non fonctionnelle, qui commence à être arthrosique donc on n’a pas d’autre solution chez lui que de lui faire une prothèse inversée. C’est une prothèse d’épaule qu’on met pour palier ses tendons qui ne fonctionnent plus", explique le Dr Jean-David Werthel, chirurgien orthopédiste à l'hôpital Ambroise Paré.
Le chirurgien commence par se frayer un chemin à travers les muscles de l’épaule. Il faut passer entre le deltoïde et le grand pectoral. Pour accéder à l’articulation de l’épaule, il doit aussi sectionner le tendon du muscle sous-scapulaire, responsable de la rotation interne.
Préparer l'humérus
Le chirurgien peut maintenant préparer l’humérus à accueillir une partie de la prothèse.
"Je vais couper l’humérus. On enlève la surface de tête arthrosique, ce qui va nous permettre de mettre notre prothèse. L’idée va être de creuser à l’intérieur de l’os pour accueillir la tige", explique le Dr Jean-David Werthel.
L’humérus est équipé d’un implant d’essai, le temps pour le chirurgien de s’occuper de l’omoplate.
"Je crée une surface sur laquelle va s’appliquer ma prothèse. Ça c’est l’implant définitif qui est là donc je vais le prendre, ça va être le support pour la boule qu’on va fixer à l’omoplate. L’implant il est solidement dans l’os et va être fixé à l’omoplate. L'idée c'est que ça s'articule", précise le Dr Jean-David Werthel.
Le chirurgien fixe la boule sur l’omoplate. Puis il retourne s’occuper de l’humérus."Maintenant on va mettre la tige définitive. Il y a un support et c’est là qu’on va mettre notre implant en plastique qui va s’articuler avec la sphère", se félicite le Dr Jean-David Werthel.
Une intervention en ambulatoire
C’est l’heure de vérité pour le chirurgien qui s’assure que la prothèse s’articule correctement, sans instabilité.
L’opération est quasiment terminée. Il reste à réparer le fameux muscle sous-scapulaire qui avait été sectionné."On n’a pas abimé de muscle donc on se retrouve dans un espace qu’on peut refermer comme si on n’était jamais venu", conclut le Dr Jean-David Werthel.
L’opération a duré 1 h30. Le patient peut rentrer chez lui le soir même. D’ici trois mois, il devrait pouvoir bouger son épaule normalement.