Fermeture de lits à l'hôpital : "l'accident est imminent", alertent les gynécologues
Le manque de gynécologues-obstétriciens dans les hôpitaux va-t-il mettre en danger la santé des femmes ? La pénurie de soignants "atteint un niveau critique" dans les maternités, a affirmé mardi 31 mai le Syndicat des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof).
Dans un communiqué, le principal syndicat de la profession s’inquiète du manque de médecins, de pédiatres, d’anesthésistes et de sages-femmes. Le risque ? Des "fermetures estivales inopinées" dans plusieurs maternités et hôpitaux.
Pour le Dr Pascale Le Pors-Lemoine, gynécologue-obstétricienne à Saint-Malo et vice-présidente du Syngof, “la situation, déjà critique depuis plusieurs mois, va s'aggraver cet été, particulièrement dans les zones touristiques, qui risquent d’être submergées durant la période estivale”.
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Lourdeurs administratives
Au total, “30% des postes de gynécologues-obstétriciens sont vacants à l’hôpital”, précise le Dr Le Pors-Lemoine. “La faute à des lourdeurs administratives insupportables pour les équipes, qui participent à la désertion des services hospitaliers.”
Le syndicat regrette par ailleurs que la périnatalité soit “en grande souffrance". "L'hémorragie n'est pas prête de se tarir" car "les signaux envoyés" par les pouvoirs publics "ne sont pas encourageants", précise-t-il.
Des signaux alarmants, qui se traduisent par un “départ des sages-femmes des salles de naissance”, regrette le Dr Joëlle Belaisch-Allart, cheffe du service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Pour réduire les risques de pénurie de soignants et de fermetures de service, le Dr Belaisch-Allart propose que “chaque nouvelle sage-femme passe 1 ou 2 ans en salle de naissance”, juste après la fin de ses études.
"Avoir les moyens de prendre soin des femmes"
L'image publique des gynécologues-obstétriciens est également écornée depuis les accusations de violences gynécologiques dénoncées par plusieurs patientes. Une charte de bonnes pratiques a été publiée en octobre dernier par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (Cngof), pour "restaurer un climat de confiance entre les patientes et les praticiens”, rappelle Joëlle Belasich-Allart.
"On est en train de vivre un gynéco-bashing dans la profession", observe la présidente du Cngof. "À force d'entendre des témoignages négatifs sur certains gynécologues, on note une certaine réticence chez les femmes qui viennent nous consulter."
"Il faut nous donner les moyens de prendre soin des femmes", appelle Pascale Le Pors-Lemoine. "Il est impératif de redonner du lustre, de la qualité de travail et de vie, ainsi que des moyens financiers aux maternités et aux urgences gynécologiques, pour le bien des soignants et des patientes."