Fèves : 4 choses à savoir sur le favisme
Apparentée à tort à une allergie aux fèves, le favisme est une maladie génétique qui touche 250.000 Français. Quels sont les symptômes ? Comment sont-ils déclenchés ? Qui est à risque ? On fait le point.
Le favisme touche 420 millions de personnes dans le monde, ce qui en fait le déficit génétique le plus fréquent. Mais de quoi s'agit-il et quels sont les risques de cette pathologie ?
Une destruction des globules rouges
Cette maladie est provoquée par le déficit de l'enzyme G6PD, qui est d'ailleurs l'autre nom du favisme. L'acronyme de G6PD signifie "glucose-6 phosphate déshydrogénase". Cette enzyme sert de catalyseur à une réaction chimique dans le corps indispensable à la survie des globules rouges, les cellules qui transportent l'oxygène.
Lorsqu'elle est absente ou insuffisamment produite, il se produit une destruction des globules rouges, appelée hémolyse.
Différents symptômes sont alors possibles : des douleurs abdominales et articulaires, une fièvre accompagnée de frissons, un ictère (jaunisse) voire un état de choc, où les organes ne reçoivent plus assez d'oxygènes et sont en souffrance. Une anémie, responsable de pâleur et de fatigue intense, se met également en place.
Le favisme est souvent asymptomatique mais certaines circonstances favorisent les symptômes. Ils surviennent dans les heures ou les deux jours suivant la consommation de substances ou sous certaines conditions, servant de "déclencheurs".
Fèves, médicaments, infection : des révélateurs
D'après les spécialistes, ces déclencheurs provoquent un "stress aigu oxydatif" pour l'organisme, qui réagit par l'intermédiaire des symptômes du favisme.
En tête des déclencheurs, se trouve la consommation de fèves Vicia faba. Elle provoque une explosion des globules rouges, ce que les médecins appellent un "accident hémolytique".
Deux substances ont également été identifiées comme provoquant les symptômes : la quinine (attention aux boissons en contenant) ou une dose importante de vitamine C. Les spécialistes ont fixé une limite maximale supérieure à 1 gramme par jour, rapidement atteinte en cas de consommation de compléments alimentaires et de produits enrichis en vitamine C.
D'autres médicaments sont incriminés, comme les dérivés de la vitamine K et le bleu de méthylène. Une infection est également susceptible de provoquer les symptômes du favisme.
Les hommes davantage touchés par le favisme
Le favisme a la particularité de toucher essentiellement les hommes car le gène atteint est porté par le chromosome X (pour rappel, les hommes n'en ont qu'un et les femmes 2). Les femmes, protégées par le second chromosome X, développent plus rarement la maladie mais elles peuvent le transmettre à leurs enfants.
Selon les personnes, le gène G6PD, codant pour l'enzyme, fonctionne plus ou moins et provoque plus ou moins de symptômes.
La fréquence du déficit en G6PD est plus élevée dans les pays du bassin méditerranéen, du Proche et Moyen-Orient, d'Afrique sub-saharienne, ou encore d'Asie du sud-est, d'Amérique du sud et dans les Antilles. En France, 250 000 personnes en seraient atteintes du fait du brassage des populations.
Quel traitement et quelle prévention ?
La crise hémolytique se résout spontanément en quelques jours. Dans les cas les plus graves, une transfusion est cependant nécessaire, en complément de soins intensifs. Chez les bébés venant de naître, la photothérapie permet de soigner l'ictère.
En prévention, il est recommandé d'éviter les déclencheurs connus. L'acide folique ou vitamine B9, n'est nécessaire qu'en cas de carence avérée, de grossesse programmée ou d'hémolyse chronique. La supplémentation en fer ne se justifie qu'en cas de carence. De même, la vitamine E (tocophérol) pourrait être utile mais son utilité reste mal connue.
Sources :
· ANSES
· Manuel MSD