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Finies, les ordonnances pour consulter un kiné ou un orthophoniste ?

La proposition de loi Rist vise à rendre possible un accès direct des patients, sans passer par un médecin, aux infirmières en pratique avancée, aux orthophonistes et aux kinésithérapeutes. Décryptage.

Marie Chagneau
Rédigé le
Bientôt plus d'ordonnance pour consulter un kiné ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

Meriem souffre de douleurs à l’épaule depuis plusieurs semaines. Elle a consulté son médecin traitant pour avoir une ordonnance de soins en kinésithérapie."Il y a eu trois semaines en tout entre le démarrage de mes douleurs et ma première séance. J’aurais pu gagner deux semaines si je n'étais pas passée par l'étape de mon médecin traitant qui, finalement, ne m'a pas ausculté puisque le bilan a été fait avec le kiné", explique Meriem.

Un accès direct plus simple

Cela pourrait bientôt être possible. La proposition de loi Rist prévoit l’accès, pour tous les patients, à 10 séances remboursées de soins de kiné sans ordonnance. Un accès direct pour simplifier la vie des Français, comme Meriem.

"Typiquement, pour cette patiente, on est dans le cadre d'un trouble musculo-squelettique, il n'y a pas forcément d'intérêt à aller faire une consultation médicale. Le kiné peut tout à fait faire son bilan, mettre en place un traitement, et surtout écarter ce qu'on appelle les drapeaux rouges qui seraient des critères de non prise en charge par le kiné où là, on redirigerait effectivement vers le médecin", commente Claire Cornuault, masseur-kinésithérapeute.

La loi Rist s’appliquerait aux kinés qui exercent en structure de soins coordonnés, comme les maisons de santé, en établissements de santé ou dans les établissements médico-sociaux. Par ailleurs, le texte prévoit une consultation médicale en l'absence d'amélioration après 10 séances, un compte-rendu transmis au médecin et une priorité accordée aux patients en "Affection Longue Durée".

Une "fausse bonne idée", pour les médecins

Pour les syndicats de médecins, ce cadre est insuffisant. Selon eux, tout soin en kinésithérapie doit être précédé d’un avis médical. Et la loi Rist aurait aussi pour effet de rallonger les délais pour obtenir un rendez-vous chez les kinés.  

"On va probablement avoir des soins abusifs, pas parce que le kiné les fait de façon abusive mais parce que les patients les demandent de façon abusive et que peut-être les kinés auront du mal à refuser. On va donc augmenter le coût des soins pour la collectivité sans pour autant avoir une population mieux soignée. Il faut vraiment se méfier de ces fausses bonnes idées", confie le Dr Sophie Bauer, présidente du Syndicat des Médecins Libéraux.

Soulager "un système de santé en tension" ?

Le Conseil de l’ordre des kinésithérapeutes affirme, au contraire, que cette proposition permettrait de faire des économies.

"Je prends l’exemple de la lombalgie. Plus tôt vous commencez la kiné, moins vous risquez d'avoir une pathologie chronique, moins vous consommez de médicaments, moins vous avez recours à de l'imagerie et plus vite vous revenez au travail. Ça a été prouvé dans les pays qui, depuis des décennies, ont un accès direct aux kinésithérapeutes", explique Pascale Mathieu, présidente Ordre national des masseurs-kinésithérapeutes.

La proposition de loi Rist est présentée comme l’une des solutions pour soulager un système de soins en tension. Adoptée le 19 janvier par l’Assemblée nationale, elle a également été validée par le Sénat le 14 février. Les élus des deux chambres doivent désormais se réunir dans une commission mixte paritaire pour valider un texte commun.

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