Fraises, pommes, cerises… de plus en plus de pesticides dans les fruits
Un fruit sur trois vendus dans l’Union Européenne serait contaminé par des résidus de pesticides, contre moins de 20% en 2011, alerte l’ONG Pan Europe.
Trop de résidus de pesticides chimiques sur les fruits cultivés et vendus dans l’Union européenne. C’est l’alerte que lance une étude de l'ONG Pesticide Action Network (PAN) Europe publiée le 24 mai, qui s’inquiète d’une hausse de ces résidus entre 2011 et 2019.
L’étude s’appuie sur l'analyse de 97.000 échantillons de fruits frais et affirme que près d'un échantillon sur trois (29%) était contaminé par des traces de pesticides chimiques, contre 18% en 2011.
Mûres, pêches et fraises, les plus contaminées
Selon l’ONG, la moitié des échantillons de cerises étaient ainsi contaminées par des traces de pesticides en 2019 (contre 22% en 2011), plus du tiers (34% contre 16%) pour ceux des pommes, le fruit le plus produit sur le continent.
Les fruits les plus contaminés sont les mûres (51% des échantillons), les pêches (45%), les fraises (38%), les cerises (35%) et les abricots (35%), sur les neuf années étudiées.
Pour les légumes, la contamination est plus faible car ils sont moins sujets aux insectes et aux maladies : 13% des échantillons étaient concernés en 2019 (11% en 2011), les légumes les plus concernés étant le céleri, le céleri-rave et le chou kale (31%).
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Loin de l’objectif européen
Or depuis 2011, relève cette ONG spécialisée, les États membres sont censés encourager les produits de substitution pour limiter autant que possible le recours à ces pesticides de synthèse - herbicides, fongicides, insecticides - considérés comme les plus à risque et dont l'autorisation est plus strictement réglementée dans l'UE.
Les résultats de l'étude jettent donc une ombre sur l'ambition de Bruxelles, arrêtée en 2020, de réduire de moitié d'ici à 2030 le recours à ces pesticides les plus dangereux. "S'il n'y a pas de mesures fortes, on ne voit pas comment cet objectif pourrait être respecté", confie à l'AFP Salomé Roynel, de PAN Europe, qui rappelle que la Commission a le pouvoir de rappeler à l'ordre les pays "défaillants sur ce sujet".
Fertilité, cancers, maladie de Parkinson…
Parmi les produits autorisés dont il faudrait absolument limiter l'usage, l’ONG cite le Tebuconazole, un fongicide toxique pour la reproduction, dont des traces ont été fréquemment retrouvées sur des cerises produites en 2019, en Espagne entre autres.
Plus globalement, les pesticides, destinés à détruire des organismes vivants jugés nuisibles, sont susceptibles d’avoir des effets sur la santé humaine. Ils augmenteraient notamment les risques de problèmes de fertilité et de survenue de maladie de Parkinson ou de certains cancers.
En 2021, une expertise de l'Institut français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a par ailleurs conclu à "une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse ou chez l’enfant et le risque de certains cancers (leucémies, tumeurs du système nerveux central)".