Glioblastome : un traitement innovant au laser
Des chercheurs et des médecins ont mis au point une technologie très prometteuse dans la prise en charge chirurgicale des glioblastomes. La photodynamique est une lumière laser utilisée pour cibler et éliminer les cellules tumorales tout en préservant les tissus sains.
Un champ de vision qui se restreint, de forts maux de têtes, tout est allé très vite pour ce patient de 57 ans. Il y a à peine 15 jours, on lui a découvert une tumeur cérébrale très agressive, un glioblastome.
"La tumeur, est située (...) à l’arrière du cerveau, dans une zone où se projettent les voies visuelles. C’est un patient qui a une amputation du champ visuel à cause de cette tumeur qui est définitive, il ne récupèrera pas son champ visuel", explique le Pr Nicolas Reyns, neurochirurgien au CHU de Lille.
Un cancer qui infiltre les tissus en profondeur
Le glioblastome est une tumeur qui a tendance à doubler de volume en un mois, l'intervention chirurgicale est donc urgente.
Pour accéder à la tumeur, le chirurgien doit ouvrir la boîte crânienne. La suite de l’opération se déroule sous microscope. Après avoir ouvert la dure-mère, le chirurgien découvre la tumeur qu’il va falloir retirer.
Au bout d’une heure, le chirurgien a réussi à extraire la plus grosse partie de la tumeur. Le glioblastome est connu pour infiltrer les tissus en profondeur. Pour visualiser les cellules tumorales cachées dans les tissus alentours, le chirurgien utilise un procédé très innovant, qui repose sur l’utilisation de la lumière.
Pour cela, le patient a ingéré 6 heures avant l’intervention un médicament photosensibilisateur. La molécule va se fixer spécifiquement sur les cellules tumorales, qui ne vont pas pouvoir l’éliminer, contrairement aux cellules saines. En éclairant la zone avec une lumière bleue, la molécule va révéler des résidus de tumeur.
Limiter les risques de récidive
Pour limiter le risque de récidive, le neurochirurgien est obligé de retirer une partie plus importante de tissu cérébral.
"Retirer la zone d’intégration de la vision au niveau cérébral entraîne généralement un déficit du champ visuel mais le patient avait déjà ce déficit avant l’opération à cause de la tumeur. On sait donc qu’on peut augmenter l’exérèse à ce niveau-là, sans aggraver sa situation clinique", indique le Pr Reyns.
Pour vérifier que la plus grande partie du glioblastome a bien été retirée, le patient est emmené dans une salle attenante au bloc pour passer une IRM.
"Ce qui était visible en pré-opératoire sur l’IRM, ne l'est plus mais on sait qu’il reste des cellules non visibles en profondeur, c’est la raison pour laquelle on va appliquer cette thérapie expérimentale. C’est un essai clinique, pour traiter ces cellules qui resteraient dans les berges de la cavité opératoire", explique le Pr Reyns.
Des premiers résultats encourageants
Cette thérapie expérimentale repose également sur la lumière. Un ballonnet équipé d’une fibre optique va diffuser une lumière laser très puissante directement au sein de la cavité opératoire.
C’est la deuxième propriété du médicament photosensibilisateur ingéré par le patient. Au contact de cette lumière laser rouge, la molécule devient toxique et détruit les cellules tumorales sur lesquelles elle s’est fixée.
Au total, l’équipe va délivrer 8 illuminations de 2 minutes 30. Ce patient est le quatorzième à bénéficier de cet essai clinique mené au CHU de Lille. Les premiers résultats sont encourageants mais il est encore trop tôt pour juger de son efficacité sur le glioblastome à ce jour incurable.