Grey Pride : "Bien vieillir, c’est pouvoir s’exprimer sur ses désirs affectifs et sexuels"
Avec le label Grey Pride, Francis Carrier veut démystifier le tabou de la sexualité des seniors dans les Ehpad, en particulier celle des personnes homosexuelles.
On le sait, la sexualité des seniors est taboue. Pire, d’après l’association Grey Pride, la vie affective et sexuelle peut devenir « une zone de silence et de maltraitance » alors qu’elle devrait être un « élément indispensable de la qualité de vie des personnes ». C'est pour briser ce tabou et notamment celui de la sexualité des seniors homosexuels que Francis Carrier, Président, fondateur de l’association créée depuis cinq ans, lance le label Grey Pride le 23 novembre dans les Ehpad.
« Lesbiennes, bi-e-s, gays, trans, hétéro, en vieillissant nous perdons progressivement notre identité et nos droits. Nos choix de vie ne nous appartiennent plus et nous sommes le plus souvent considérés comme des objets de soin et non plus comme des êtres humains à part entière » témoigne Francis Carrier, Président fondateur de GreyPride, dans Libération.
« Bien vieillir c’est pouvoir faire respecter son identité, son altérité, son histoire et pouvoir s’exprimer sur ses désirs affectifs et sexuels » témoigne Francis Carrier. « Avec l’âge, la sexualité peut évidemment changer, prendre d’autres formes, mais elle est vitale. La nier, c’est enfermer le vieux dans une case, où sa vie est absente. » confie-t-il aussi à Libération.
"Je ne vois pas pourquoi on devrait se cacher"
« Je ne vois pas pourquoi on devrait se taire, se cacher et nier ce qui est une composante importante de notre vie », explique le Fondateur de l’association à Libération. « Je ne parle pas que pour les gays. »
L’association Grey Pride milite en effet pour une meilleure intégration de la sexualité de tous les seniors. Elle se veut inclusive et concerner tout le monde, quelle que soit l'orientation sexuelle. Ses chevaux de bataille ne s’arrêtent pas là : sexualité, orientation sexuelle, identité de genre mais aussi accueil des personnes séropositives dans les structures d'aide et d'accueil des personnes âgées, l'association se bat pour que chacun puisse s'exprimer, être entendu et respecté, et retrouver des liens de solidarité.
Bousculer les mentalités
L'objectif du label est aujourd'hui de bousculer les mentalités : le collectif espère qu'il fera réfléchir et sensibilisera les professionnels.
«Ce n’est pas un label qui va tout changer, car on a besoin d’une révolution culturelle", explique Francis Carrier à Libération. « Mais au moins, on met les pieds dans le plat. »
La maire adjointe de Paris chargée des personnes âgées, Véronique Levieux, qui soutient aussi la démarche rapporte que deux Ehpad Parisiens ont déjà reçu ce label.