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Les prématurés moins bons en maths ?

En suivant des milliers de prématurés nés à la fin des années 1950 et 1960, des chercheurs britanniques ont constaté chez eux plus de difficultés scolaires, notamment en mathématiques, avec des conséquences sur leurs revenus à l’âge adulte. Les progrès dans la prise en charge des prématurés depuis un demi-siècle n’ont pas nécessairement changé la donne.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Les chercheurs ont analysé des données issues de deux études de suivi, portant sur des enfants nés au Royaume-Uni en 1958, et en 1970. Les auteurs se sont intéressés aux personnes qui avaient effectué des tests d’aptitude scolaire dans leur enfance (mathématiques, lecture, test de QI), et pour lesquelles des informations sur les revenus à l’âge adulte (données recensées l’année des 42 ans) étaient disponible. Au total, 15.271 dossiers ont été étudiés - 8.573 dans la cohorte de 1958, 6.698 dans celle de 1970.

Les données brutes ont montré que les risques de prématurité étaient corrélés au niveau d’éducation et au statut socio-professionnel des parents - vraisemblablement en lien avec un moindre suivi médical des parents les plus pauvres, et l’exposition accrue à divers facteurs de risque[1]). En prenant en compte ces informations, et en essayant de comparer des groupes de profils socio-économiques similaires, les chercheurs observent que les personnes étudiées, nées prématurément, avaient des performances cognitives significativement plus faibles dans l'enfance (tout particulièrement en mathématiques, dans les deux cohortes), et gagnent moins bien leur vie à 42 ans que les non-prématurés (particulièrement pour la cohorte de 1958).

Face à ce constat, les auteurs estiment "qu’un soutien éducatif spécial dans l'enfance" pourrait être proposé aux prématurés, pour maintenir une égalité des chances de réussite socio-économique.

Ces résultats, présentés dans la revue Psychological Science, corroborent des études antérieures réalisées cette dernière décennie en Scandinavie[2]. Comme l’expliquent les auteurs, "[certaines] lésions du cerveau chez les enfants prématurés sont susceptibles d'entraîner des déficits cognitifs, qui peuvent [elles-mêmes] entraîner des difficultés d'apprentissage, et augmenter le risque d’échec scolaire."

Des constats toujours pertinents ?

Dans les cohortes étudiées, la proportion de grands prématurés était beaucoup plus faible qu’aujourd’hui, progrès de la médecine oblige. Les auteurs jugent qu’avec le nombre croissant de naissances prématurées, et la survie plus élevée d'enfants très grands prématurés, leurs observations sont plus pertinentes que jamais.

Certes, dans plusieurs études de suivi récentes, le lien entre prématurité et capacités cognitives paraît moins fréquemment établi. Les auteurs mettent toutefois en avant des analyses portant sur de grandes cohortes récentes (incluant par exemple des enfants nés au début des années 2000) "qui montrent encore que les enfants prématurés ont plus de risques d'un moins bon fonctionnement cognitif" - les données étant influencées par le taux de grande prématurité.

 


[1] Dans cette étude, toutefois, les auteurs ne disposent pas d’informations détaillées sur l’exposition prénatale au tabac et à l'alcool des enfants.

[2] Voir Lindstrom et al, 2007, Moster et al, 2008 et Heinonen et al, 2013.

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