Allaiter : ça ne coule pas de source !
L'allaitement est un débat qui déchaîne les passions. Il y a celles qui sont pour et celles qui ne veulent en aucun cas en entendre parler. Qui aurait un jour pensé que l'allaitement soit autant discuté ? Le lait maternel est-il si bénéfique que ça ? Qu'en pensent les hommes ?
Allaitement : pas vraiment tendance en France
En France, on estime que plus d'une femme sur deux allaite son bébé. Des Françaises pas vraiment championnes en la matière puisqu'elles sont 80 % en Allemagne à donner le sein.
Depuis le Moyen-Age, les reines et femmes de la noblesse confient leur enfant à des nourrices pour l'allaitement. Pour elles, donner le sein est une tâche subalterne qui ne convient pas à leur rang.
Sous Louis XV, les femmes des villes toutes catégories sociales confondues refusent d'allaiter. C'est un effet de mode, elles veulent faire comme les aristocrates. De plus, leur vie professionnelle leur prend du temps.
Jusqu'à la Première Guerre mondiale, les femmes confient leurs bébés à des nourrices, une tradition française qui étonnent les étrangers. Puis, c'est l'avènement du biberon.
Cours de préparation à l'allaitement
L'allaitement se prépare avant l'arrivée du bébé… C'est ce qu'on apprend dans ce cours de préparation à la naissance.
Le sein est une glande : la glande mammaire. Cette glande est entourée d'un tissu de soutien, plein de fibres, et de tissu graisseux. La graisse peut représenter jusqu'à plus de 80% du volume du sein, qui est posé sur un muscle : le pectoral.
Au centre du sein, on trouve l'aréole, centrée par le mamelon. C'est l'orifice qui évacue le lait après l'accouchement et il est constitué de la fusion de plusieurs canaux, eux-mêmes issus des mini-canaux drainant les nombreux lobes constituant la glande mammaire, dans laquel le lait est conçu. C'est vers le mamelon que convergent tous les canaux galactophores qui transportent le lait.
Première mise au sein
Les œstrogènes et la progestérone, les hormones sexuelles de la femme vont entraîner le développement des canaux galactophores pendant la grossesse. C'est pour cette raison que le volume des seins augmente.
C'est à partir du cinquième mois d'aménorrhée que la production du lait commence, grâce à une autre hormone : la prolactine, produite par l'hypophyse, glande située dans le cerveau. L'hormone "lactogène placentaire" poduite par le placenta joue également un rôle.
A ce stade, ce n'est pas encore le lait définitif. On l'appelle le colostrum, et il est beaucoup moins riche. La sécrétion de la prolactine est freinée jusqu'à l'accouchement pour éviter la montée de lait. Le lait de transitionsera une évolution les premières semaines de vie du bébé puis le lait mature, définitif, prendra le relai.
Un mécanisme élaboré de production de lait
Après l'accouchement, la prolactine va agir sur les glandes mammaires pour favoriser la production de lait. Une nouvelle hormone, l'ocytocine, met en route l'évacuation du lait et entretient aussi sa sécrétion. La production et l'éjection du lait répond donc à un complexe processus hormonal.
La production est capable de s'ajuster aux variations de consommation d'une têtée à l'autre grâce à de complexes phénomènes d'ajustation. Si le bébé est endormi ou tête mal, si si le nombre de têtées est insuffisante, il y aura une diminution automatique du volume de lait produit. Un engorgement ou une mastite peut aussi entraîner une diminution du volume têté. A l'inverse, la production de lait peut être améliorée en agissant sur la fréquence et l'efficacité de la têtée (source : Edimark, Anatomie et physiologie de la lactation humaine). Les conseils de spécialiste sont alors les bienvenues...
Les spécificités du lait maternel
Le lait maternel a de nombreuses vertus. Il correspond parfaitement aux besoins nutritionnels du bébé et sa composition se modifie au cours des semaines pour s'adapter à l'évolution de l'enfant.
Il contient des glucides, donc des sucres pour l'énergie, avec la grande majorité de lactose, et des lipides pour apporter les acides gras essentiels. Il y a peu de protides au départ (caséine et lactoserum), car ils sont plus difficiles à digérer pour le bébé. S'il contient moins de calcium que les autres laits, il est plus facile à assimiler. Le lait apporte également des vitamines et des minéraux au bébé.
Le lait maternel est aussi riche en anticorps, il permet à l'enfant de lutter contre les infections. De plus, il est stérile, toujours à bonne température et très digeste, et n'entraîne pas d'allergie. Le lactose, une substance qui est souvent mal tolérée par les bébés, favorise le développement de la flore intestinale, et donc la digestion. Le lait maternel prend le goût des aliments consommer par la mère.
Le lait maternel a beaucoup d'avantages mais l'allaitement est avant tout un choix personnel ! Certaines femmes le redoutent, d'autres n'en ont tout simplement pas envie. Mieux vaut une maman épanouie qui donne des biberons, plutôt qu'une mère stressée qui allaite ! L'allaitement n'est pas forcément inné. C'est un geste qui s'apprend.
La durée d'allaitement dépend de la mère et des besoins du bébé. Généralement, au bout de six mois, il faut diversifier l'alimentation du tout-petit, mais on peut continuer à lui donner le sein, à raison d'environ deux tétées par jour.
Quand une mère ne peut pas allaiter, elle peut obtenir du lait humain dans l'un des 19 lactariums de France. Ce sont des endroits qui recueillent du lait de femmes et le distribuent ensuite aux mamans qui en ont besoin. Cela se fait uniquement sur prescription médicale, notamment pour les prématurés.
Don de lait maternel : pensez-y !
Perrine a décidé d'allaiter son bébé. Après la tétée de sa fille, elle a pris tout aussi naturellement l'habitude de tirer son lait pour le donner à d'autres bébés. Un surplus très utile au bon développement des grands prématurés pour qui le lait maternel est indispensable, voire irremplaçable.
Grâce aux propriétés anti-infectieuses du lait de femme et à ses propriétés biologiques, le lait maternel permet d'améliorer leur pronostic digestif, neurologique et de croissance.