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Education féministe : fille et garçon, même éducation !

L'éducation féministe, promue dès 1914 par la suffragette Madeline Pelletier*, est de plus en plus revendiquée par certains parents. Elle repose sur une égalité de droits entre les filles et les garçons, dans le respect de leur tempérament et de leurs goûts.

Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
ccc/pixabay

"Quand on est parent, on a envie que son enfant ait le plus de droits possibles, que sa fille vive dans un monde où elle n'est pas moins considérée et moins payée parce qu'elle est une fille, s'exclame d'emblée Lucile Bellan, podcasteuse et autrice du Petit traité d'éducation féministe (2021, éditions Leduc, 17€). Cela va dans le sens de l'avenir, on plante des graines pour le futur avec une égalité de droits."

Le mot féministe peut effrayer : "il n'est pas question d'inculquer à ses enfants la culture du féminisme mais de contribuer à créer une société plus égalitaire et donc plus juste, rassure l'autrice. L'éducation féministe va davantage dans le sens du respect de l'enfant et aussi des parents."

De l'éducation genrée à une éducation respectant les goûts et les envies

"Nous vivons dans une société genrée, c’est-à-dire que l’on oppose les femmes et les hommes", explique Lucile Bellan dans son livre. "Cette éducation binaire, et qui semble bien inoffensive, n’a pas d’autre but que d’assigner une place bien précise aux femmes, et une autre aux hommes, dans notre société." Elle consiste en pratique à élever les garçons et les filles différemment, selon leur genre et les normes sociales.

Si certains enfants n'en souffriront pas, d'autres ne le vivront pas bien. "L'éducation genrée peut être une petite prison pour certains enfants, qui souffriront des stéréotypes car ils vont devoir s'y plier à l'encontre de leurs goûts et de leur personnalité, alerte Lucile Bellan. Ils devront déconstruire ces stéréotypes pour réinventer leur identité ou ils seront bridés."

A l'opposé, l'éducation féministe promeut une égalité de droits et de libertés ainsi qu'un très grand respect des goûts et des envies de l'enfant. Un garçon jouera avec des poupées et portera du rose s'il en a envie, tandis qu'une fille s'amusera avec des jeux longtemps réservés aux garçons et s'habillera comme elle veut. Mais l'éducation féministe va bien plus loin que la garde-robe et les jeux, elle s'attaque aussi aux valeurs inconsciemment transmises selon le genre.

"Il faut réfléchir à la façon dont on parle à son enfant et se rendre compte que naturellement, on véhicule des stéréotypes", conseille l'autrice. C'est bien dire à son fils qu'il est joli ou sensible !" C'est aussi le pousser à développer son empathie, valeur souvent jugée féminine, et dire à sa fille qu'elle est forte en encourageant sa confiance en elle.

L'importance de l'esprit critique et du dialogue

L'éducation féministe, c'est aussi se poser certaines questions : qui est mon enfant et comment dois-je m'adapter à lui ? Cela commence par le consentement. "On ne force plus un enfant très timide à dire bonjour par un contact physique intime, comme une bise obligatoire à quelqu'un qu'on en connait pas", recommande aussi Lucile Bellan. Si l'apprentissage de la politesse est incontournable, forcer l'enfant peut être contre-productif.

"La culture (NDLR : qui peut véhiculer des stéréotypes très genrés), sera source de discussion afin de développer le sens critique de l'enfant, analyse l'autrice. C'est aller dans le sens de l'enfant à son rythme mais aussi lui montrer que la possibilité culturelle est plus riche. Certaines plates-formes, comme Benshi, sont intéressantes car elles offrent des sélection de films et courts métrages de plein d'horizons et pays différents. Les plateformes Netflix et Universciné sont aussi intéressantes. Si l'enfant n'aime pas, on arrête et on essaie autre chose." Certains blogs fourmillent d'idées, comme Fille d'album

Les parents font figure d'exemple. Une répartition des tâches domestiques en fonction des goûts et compétences, plutôt qu'en fonction du genre, est préférable. Et le dialogue sur tous les sujets, y compris sur la sexualité, est favorisé dès le plus jeune âge et en s'adaptant à la personnalité de l'enfant. Il sera évidemment adapté à l'âge. "Sans ce dialogue, les discussions sur les problèmes scolaires, les abus seront plus difficiles si on n'a pas pris l'habitude de parler et si l'on ne sait pas comment l'autre va réagir, estime Lucile Bellan. Mais si on a pris l'habitude de le faire, on sera plus en confiance pour dialoguer sur un sujet qui nous gêne."

Egalité, respect et dialogue sont ainsi les pierres angulaires de l'éducation féministe.

*L’éducation féministe des filles, Madeline Pelletier  

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