Pédocriminalité : “Il est important qu’un organe s’occupe de la protection à l’enfance”
Laura Morin, directrice de l’association "L’Enfant Bleu" qui lutte contre la maltraitance, réagit à l’annonce d’Adrien Taquet concernant la création d’une commission indépendante sur les violences sexuelles faites aux enfants.
Le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, a annoncé la création d’une “commission indépendante sur les violences sexuelles faites aux enfants”, dans une interview donnée au Journal du dimanche. Cette nouvelle instance sera créée lors des états généraux de la protection de l’enfance, qui doivent aboutir sur des mesures avant le 20 novembre.
Une nouvelle qui satisfait Laura Morin, directrice de l’association L’Enfant Bleu : “ Il est important qu'un organe s’occupe spécifiquement de la protection de l’enfance”. Depuis des années, l’association qu’elle dirige apporte un soutien psychologique et juridique aux victimes de maltraitance durant l’enfance.
Une meilleure formation
Fondé sur le modèle de la commission Sauvé sur la pédocriminalité dans l’Eglise, l’organisme d’Adrien Taquet sera “composé de magistrats, de médecins, de psychologues et de sociologues". Une pluridisciplinarité saluée par Laura Morin. “C’est très bien. La protection de l’enfance est l’affaire de tous. Tant des citoyens que des professionnels”.
Les travaux de la future instance ne sont pas encore dévoilés, mais Laura Morin espère qu’ils impulseront une meilleure formation des professionnels en contact avec les enfants, comme par exemple les médecins ou encore les instituteurs. “Il est important de savoir comment accueillir la parole d’un enfant, reconnaître les signaux qu’il envoie, comprendre exactement ce qu’est la maltraitance, mais aussi comment rédiger un signalement”.
Uniformiser les pratiques de l’Aide Sociale à l'Enfance
L'association L’Enfant Bleu milite également pour une harmonisation des pratiques de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) dans la prise en charge des enfants en danger. Pour le moment, le système est décentralisé et chaque conseil départemental met en place sa propre politique. Ainsi, “l’enfant peut être auditionné seul dans un département, mais avec ses parents dans un autre”, explique Laura Morin. “Il y a aussi des familles qui déménagent et les informations ne sont pas transmises d’un département à l’autre”, ajoute-t-elle.
Pour pallier cette situation, Adrien Taquet a indiqué qu’un projet de loi sera présenté en 2021 afin de mettre en place "un organe de pilotage unifié, comprenant l'État, les départements qui sont chargés de l'Aide Sociale à l'Enfance depuis trente ans, et des associations " pour mieux lutter contre ces disparités.