Deux vagins, deux utérus et un bébé
Alors qu’elle possède deux vagins, deux utérus et deux cols de l’utérus, une Britannique de 36 ans a accouché par césarienne d’une petite fille. Cette malformation, appelée utérus didelphe, complique les projets de grossesse.
Eleonor Rowe pensait ne jamais pouvoir porter d’enfant. Pourtant, cette Britannique de 36 ans a bien donné naissance en juillet dernier à une petite fille, Imogen Hope, par césarienne, rapporte le Daily Mail.
A l’âge de 31 ans, Eleonor apprend que son anatomie n’est pas commune lorsqu’elle réalise une démarche de congélation de ses ovocytes : le scanner 3D de ses ovaires et de son utérus demandé pour cette procédure montre alors qu’elle possède deux vagins, deux utérus et deux cols de l’utérus. Une condition rare appelée utérus didelphe, anciennement appelé utérus bicorne.
A gauche : vagin et utérus sans anomalie. A droite : vagin et utérus didelphe. Les flèches bleues indiquent l'emplacement des utérus.
Enceinte après une fausse couche
Quand les médecins diagnostiquent cette particularité, ils procèdent à une opération pour retirer la paroi qui divise le vagin en deux. Mais la jeune femme garde deux utérus et deux cols distincts.
Un an après le diagnostic, Eleonor rencontre son futur mari, Chris, et tous deux souhaitent fonder une famille. Après plusieurs essais infructueux et une fausse couche, Eleonor tombe finalement enceinte en novembre 2018. La petite Imogen Hope se développe dans l’utérus droit de sa mère et naît en juillet après 35 semaines de grossesse.
"A l’extérieur, tout semblait normal"
Selon Eleonor, le seul symptôme de son anomalie génitale était une irrégularité de ses règles. "A l’extérieur, tout semblait normal" confie-t-elle au Daily Mail. "Mais à l’intérieur j’avais tout en double".
Autre signe qui aurait pu l’alerter : elle ne pouvait pas mettre de tampon pendant ses règles, car il y avait toujours une fuite de sang. "Je réalise maintenant que le sang fuyait du deuxième vagin" raconte-t-elle.
Mais même lors des frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus, les médecins n’avaient pas repéré cette anomalie, affirme Eleonor. "Un simple examen gynécologique ne permet pas de l’identifier", indiquait le gynécologue Sylvain Mimoun interrogé par Allodocteurs.fr sur ce sujet. "Il faut réaliser une échographie et ou une histérographie (radio de l’utérus). Ainsi pendant des années une femme peut complètement ignorer qu’elle présente cette malformation."
0,1 à 3% des femmes concernées par une malformation utérine
L’utérus didelphe est une anomalie congénitale due à un défaut de développement du fœtus, entre la 6e et la 9e semaine de grossesse.
Cette malformation reste rare : seulement 0,1 à 3% des femmes seraient porteuses d'une malformation utérine, dont l'utérus didelphe fait partie.
Si la forme et la taille des utérus le permettent, une opération pour réunir les deux utérus est conseillée. Lorsque ce n’est pas le cas, les projets de grossesse seront difficiles et le risque de fausse-couche élevé. "Pour qu’une femme puisse tomber enceinte, il faut suffisamment de place dans l’utérus ainsi qu’une bonne mucosité utérine. Or dans le cas d’un utérus didelphe, l’œuf manque de place et a du mal à s’accrocher à la muqueuse", précisait en effet le docteur Mimoun.