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Grossesse : attention aux compléments d’iode

Les compléments alimentaires iodés n’ont pas d’intérêt démontré chez les femmes enceintes en France, rapporte Prescrire. Les carences sont rares en Europe et une surdose d’iode représente un risque pour l’enfant à naître.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Prostock-studio

Faut-il prendre des compléments d’iode pendant la grossesse ? Négatif, répond la revue médicale indépendant Prescrire, qui publie dans son numéro de mars 2021 un article sur les apports iodés pendant la grossesse.

Vendus en pharmacie ou sur internet, ces compléments d’iode souvent associés à d’autres éléments (vitamine B9, cuivre, zinc, magnésium, vitamine D…) dans une formule "multivitamines de grossesse" seraient donc plus dangereux que bénéfiques.

Des carences "légères" en France

Pourquoi une telle conclusion ? Les apports d’iode dépendent principalement de l’alimentation et de la proximité d’un littoral. En Europe, il est vrai que l’apport d’iode par l’alimentation est parfois insuffisant. Mais selon les données recueillies par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) entre 2002 et 2017, "l’Europe constitue globalement une zone de carence en iode « modérée »" rappelle la revue Prescrire.

Mieux, la France comme la Belgique sont des zones de carence "légère", d'après les résultats d'ioduries, c’est-à-dire de présence d’iode dans les urines, de leurs habitants.
Et, en 2020, le rapport du réseau mondial d’iode (IGN) a considéré les apports en iode comme "adéquats" chez les adultes en France.

Pas d’intérêt scientifique prouvé

Selon deux méta-analyses, la première publiée en 2017 dans la base de données Cochrane, et la deuxième en 2020 dans l’American Journal of Clinical Nutrition, aucune donnée de bonne qualité ne démontre l’intérêt d’une supplémentation en iode pendant la grossesse dans les pays où les carences sont légères à modérées, comme la France.

D’autant que "l'écart entre apport recommandé (200 microgrammes par jour pour les femmes enceintes et allaitantes, 150 microgrammes pour les adolescents et les adultes, ndlr) et apport dangereux n'est pas très grand" prévient Prescrire.

Goitres, surdité, troubles du développement…

Mais quels sont les risques liés à un apport dit "dangereux" ? L’iode absorbée par la mère traverse le placenta. Or "un apport excessif d’iode pendant la grossesse expose l’enfant à naître à une hypothyroïdie". Les conséquences chez l’enfant sont des hypothyroïdies, des goitres mais aussi des troubles du développement intellectuel et des surdités.

Ainsi, en 2017, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) rapportait des cas d’hypothyroïdies fœtales chez des bébés nés de femmes qui avaient consommé pendant la grossesse "des compléments alimentaires, leur apportant respectivement 120 et 150 microgrammes d’iode par jour, parfois en association avec d’autres sources d’iode".

Miser sur une alimentation équilibrée

Problème, une carence en iode comme un excès exposent le fœtus à une hypothyroïdie. Quelle stratégie adopter alors ? "Quand une femme enceinte envisage la prise d’un complément alimentaire iodé, il est prudent de vérifier avec elle que ses divers apports iodés (alimentation, compléments alimentaires, médicaments) ne sont pas excessifs, ce qui serait dangereux pour l’enfant à naître" propose Prescrire.

Pour assurer un apport suffisant via l’alimentation, consommez du sel de table iodé, des produits de la mer dont les algues et le poisson, des œufs et des produits laitiers. En règle générale, une alimentation équilibrée qui inclut plusieurs de ces aliments "apporte suffisamment d’iode au quotidien" rassure la revue.

Enfin, elle émet un dernier avertissement : attention aux compléments alimentaires "multivitaminiques" destinés aux femmes enceintes, particulièrement ceux vendus sur internet, qui "contiennent parfois jusque 50 fois plus d’iode que l’apport journalier recommandé".

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