Des quadruplés à 65 ans : quels risques ?
Une femme de 65 ans défrayait la chronique ce 12 avril en Allemagne : déjà mère de 13 enfants et 7 fois grand-mère, Annegret Raunigk est à présent enceinte de quadruplés, à en croire la chaîne de télévision populaire RTL. Si sa grossesse se déroule sans encombre, cette enseignante allemande pourrait devenir cet été la plus vieille mère de quadruplés au monde, assure la chaîne de télévision sur son site internet.
Des quadruplés à 65 ans
En dépit d'une famille déjà grande, cette Berlinoise n'a pas hésité à se rendre à l'étranger pour recourir à de multiples inséminations artificielles depuis un an et demi, afin d'exaucer le souhait de sa plus jeune fille de 9 ans, qui désirait un petit frère ou une petite sœur, raconte RTL. La dernière insémination a largement excédé ses espérances : les quatre ovules implantés ont tous été fécondés (voir plus bas). Et pas question pour Mme Raunigk d'envisager de n'en garder qu'un seul.
"Cela a bien sûr été un choc pour moi [...] J'en ai parlé avec mon gynécologue qui m'a dit : « vous avez déjà 65 ans », mais aussi : « vous êtes encore en forme, c'est à vous de voir » [...] J'ai réfléchi et j'ai ensuite pris ma décision, que je connaissais déjà au fond de moi", a-t-elle confié au magazine Bild.
Cette professeure d'anglais et de russe en école primaire doit prendre sa retraite cette année, mais ne se soucie ni de son âge, ni du qu'en dira-t-on. "Je n'ai pas peur. Je pars du principe que je reste en bonne santé et en forme. J'ai assez d'expérience en matière d'organisation. Cela n'est pas nouveau pour moi", a assuré à RTL la possible future mère de 17 enfants. Une telle initiative "doit être décidée pour soi-même. Et on ne devrait, à mon avis, pas trop se laisser influencer par les autres", a-t-elle ajouté.
Cette grossesse se déroulerait jusqu'ici "sans complication majeure", selon l'un des médecins assurant le suivi de la patiente, interviewé par RTL.
Les grossesses tardives sont statistiquement à risques. La probabilité d'hémorragies au cours de l'accouchement est accrue, de même que le risque de fausse couche. En cas de diabète, d'obésité ou d'hypertension, ces risques sont très significativement accrus.
Les embryons portés par l'Allemande étant très vraisemblablement issus d'un don d'ovocytes (voir encadré), les troubles du développements redoutés dans les cas de grossesse tardives naturelles (dûs à une qualité souvent inférieure des ovocytes durant les dernières années de fertilité) semblent ici écartés.
Annegret Raunigk étant selon toute vraisemblance ménopausée, la fécondation in vitro a impliqué un don d'ovocytes.
L'allemande n'en est pas à sa première grossesse tardive : en 2005, elle avait attirée l'attention de la presse allemande en accouchant de son treizième enfant, à l'âge de 55 ans.
Fécondation in vitro et grossesse multiple : pourquoi quatre d'un coup ?
La fécondation in vitro (FIV) consiste à féconder artificiellement, dans une éprouvette, un ovocyte de manière à créer un embryon qui sera ensuite transféré dans l'utérus de la patiente. Cependant, l'obtention d'un embryon viable n'est en aucun cas garantie... Pour cette raison, plusieurs ovocytes sont fécondés, pour augmenter les chances de grossesse. Plusieurs embryons peuvent ensuite être transférés dans l’utérus, dans l’espoir que l’un d’eux s’implante effectivement.
Mais ce transfert expose la femme à une grossesse multiple – qui augmente le risque de donner naissance à des bébés prématurés et de petits poids. Depuis quelques années, en France tout au moins, la tendance est donc plutôt à réduire ce nombre d'embryons (dans la majorité des cas, on privilégie le transfert de deux embryons). La décision est en fait multifactorielle : le nombre d'embryons transférés dépendra de l'âge de la patiente, du contexte familial, de la qualité des embryons obtenus.
Depuis la naissance de Louise Brown, en 1978, par fécondation in vitro (FIV), cinq millions de bébés ont été mis au monde grâce à la même technique de procréation médicalement assistée, dont les techniques n'ont cessé de progresser.