Dans le monde, la moitié des IVG "pas assez sûres", selon l'OMS
Près de la moitié des interruptions volontaires de grossesse réalisées chaque année dans le monde (25,5 millions sur un total de 55,7) ne se déroule pas dans des conditions de sécurité suffisantes, s'alarme l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans une étude publiée ce 28 septembre.
Parue dans la revue The Lancet, une étude menée par l'OMS souligne "le besoin de garantir un accès sûr à l'avortement tel que la loi le permet [selon les pays], en particulier dans les pays à faible revenu, et la nécessité de remplacer les méthodes peu sûres par des méthodes sûres".
Les auteurs de l'étude ont utilisé une échelle de trois niveaux pour évaluer le plus finement possible les pratiques d'avortement: "sûres", "moins sûres" et "les moins sûres".
Environ 55% (30,6 millions) des IVG pratiquées entre 2010 et 2014 dans le monde sont considérées comme sûres, c'est-à-dire réalisées par un personnel formé et selon une méthode recommandée par l'OMS (administration de médicaments, aspiration...). Mais 30,7% (17,1 millions) des avortements sont considérés comme "moins sûrs". C'est le cas s'ils sont réalisés par un personnel formé mais avec une méthode datée (comme par exemple le curetage), ou à l'inverse avec des moyens sûrs (dont l'usage du misoprostol, un médicament largement utilisé) mais en l'absence de personnel compétent.
Au bas de l'échelle, on trouve les avortements "les moins sûrs" (14,4%, soit 8 millions), car réalisés par des gens qui ne sont pas formés et utilisent des méthodes dangereuses et/ou invasives (ingestion de substances caustiques, insertion de corps étrangers, utilisation de breuvages traditionnels...) La proportion d'avortements "sûrs" est de 25% ou moins dans la plupart des régions d'Afrique et d'Amérique Latine. Cependant, en Amérique Latine, la plupart des avortements considérés comme "pas suffisamment sûrs" figurent dans la catégorie "moins sûrs", et non "les moins sûrs", contrairement à l'Afrique. Dans les pays développés, 87,5% des avortements sont considérés comme "sûrs".
L'exception notable est l'Europe de l'Est, où la proportion des avortements considérés comme pas suffisamment sûrs est plus élevée qu'en Europe de l'Ouest (14,2% contre 6,5%), "sans doute en raison de la persistance de pratiques médicales datées comme le curetage".
"La plus haute proportion d'avortements sûrs est observée dans les pays où les lois sont les moins restrictives, qui ont un haut niveau de développement économique et des infrastructures de santé développées", note l'auteur principal de l'étude, le docteur Bela Ganatra de l'OMS.
avec AFP
Étude : Ganatra, Bela et al. "Global, regional, and subregional classification of abortions by safety, 2010–14: estimates from a Bayesian hierarchical model", The Lancet, 28 sept. 2017. doi:10.1016/S0140-6736(17)31794-4