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L'avortement, un accès toujours très inégal dans le monde

Alors que certains pays s'ouvrent à l'IVG, de nombreux pays continuent de nier ce droit aux femmes. Ou le rendent très difficile d'accès. Tour d'horizon mondial.

La rédaction d'Allo Docteurs avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Crédits Photo : © paulthielen on Visualhunt.com / CC BY-NC-SA  

Ces 25 dernières années, plus de 50 pays ont modifié leur législation pour faciliter l’accès à l’interruption de grossesse, ce droit fondamental des femmes.   

En Europe, l'Ecosse et l'Irlande du Nord ont rendu l'avortement légal respectivement en 2018 et 2019. Un revirement historique qui dans les faits, peine à être mis en oeuvre.

D'après les médecins et les associations, son accès est entravé par un manque de moyens, la mauvaise volonté de certaines autorités locales et les actions des militants anti-IVG. Ce qui a poussé fin 2022 la Cour suprême du Royaume-Uni à légaliser les mesures d'éloignement de ces militants en Irlande du Nord.

A l’échelle mondiale, les législations sur l'avortement continuent de varier selon les pays avec parfois d'importantes restrictions.

Ces pays où l’avortement est considéré comme un crime

Au Salvador, où la législation anti-avortement est l'une des plus strictes du monde, deux cas récents ont suscité une forte émotion: deux femmes condamnées à 30 ans de réclusion pour une fausse couche, considérée par la justice comme un homicide, ont passé une dizaine d'années en prison avant de voir leur peine commuée.

Malte, où le catholicisme est religion d'Etat, reste le seul pays de l'Union européenne prohibant totalement l'interruption volontaire de grossesse. En cas d'infraction, la peine encourue va de 18 mois à trois ans de prison. L'avortement est également illégal en Andorre et à Saint-Marin, qui sont en Europe mais pas dans l'UE, ainsi qu'au Vatican. 

Dans le reste du monde, l'IVG est interdite dans une vingtaine de pays, notamment en Afrique et en Amérique latine : Congo, Egypte, Gabon, Guinée-Bissau, Madagascar, Mauritanie, RDC, Sénégal en Afrique; Honduras, Nicaragua, Surinam, Haïti et République dominicaine en Amérique; Philippines et Laos en Asie; Palaos en Océanie.

Droit à l’avortement sous conditions

Dans de nombreux pays, l'avortement est soumis à des conditions extrêmement restrictives. 

L'IVG est accessible uniquement en cas de danger pour la vie de la mère dans des pays comme la Côte d'Ivoire, la Libye, l'Ouganda, le Soudan du Sud, l'Irak, le Liban, la Syrie, l'Afghanistan, le Yémen, le Bangladesh, la Birmanie, le Sri Lanka, le Guatemala, le Paraguay ou encore le Venezuela.

Le Honduras était déjà réputé pour ses positions très conservatrices puisqu'il interdit l'avortement y compris en cas de viol ou d'inceste, de malformation grave du foetus ou quand la vie ou la santé de la mère sont menacées. La Constitution a été révisée et stipule désormais que toute interruption de grossesse par la mère ou par un tiers est interdite et illégale. Histoire de verrouiller un peu plus l'IVG,  cette clause "ne pourra être réformée que par une majorité des trois quarts des membres du parlement".

Au Brésil, l'accès à l'IVG est également très limité, en cas de viol, risque pour la mère ou grave malformation du fœtus. La Cour suprême du pays a entamé en août 2018 une série d'audiences publiques sur son éventuelle légalisation jusqu'à la 12e semaine de grossesse. 

En 2017, le Chili a mis fin à près de 30 ans d'interdiction totale de l'IVG, désormais autorisé dans trois cas précis : risque pour la vie de la mère, viol et non-viabilité du fœtus. Mais le pays a manqué un virage historique, mettre l'IVG dans la constitution puisque la population a voté non au référendum portant sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution de 2022.

Au Mexique, en septembre 2021, un arrêt historique de la Cour suprême a déclaré inconstitutionnelle l'interdiction de l'avortement. Le pays s'assouplit et 9 Etats des 30 que comporte le Mexique, ont légalisé l'avortement.  De son côté, la Colombie a légalisé en février 2022 l'IVG, quel qu'en soit le motif, avant 24 semaines de grossesse.

En Argentine, en 20220, a légalisé l'IVG après une forte mobilisation des femmes.

En Asie, la situation évolue aussi. En Corée du Sud, l'IVG a été dépénalisée en 2021 jusqu'à la 14ème semaine de grossesse. En Thaïlande, elle est légale jusqu'aux 12 premières semaines.     

Et en Afrique, le Bénin est depuis octobre 2021, l’une des très rares nations en Afrique à autoriser l'IVG.      

Un droit sous pression même en Europe et aux Etats-Unis

Sans surprises, ce sont les femmes d'Europe et d'Amérique du Nord qui bénéficient des législations les plus libérales, avec quelques exceptions notables.

Malgré tout, en Pologne, la législation s'est durcie : l'IVG a été proscrite en cas de malformation grave du foetus en 2020 et ne reste autorisée qu'en cas de viol, d'inceste ou si la vie de la mère est en danger.

En Nouvelle-Zélande, l'avortement n'a été dépénalisée qu'en 2020. En Australie, le dernier état à pénaliser l'IVG, la nOuvelle-Galles du Sud, l'a enfin dépénalisée.      

Aux Etats-Unis, les positions sur l'avortement changent en fonction des états, alors que celui-ci avait été légalisé en 1973. Retournement de situation en 2022 : la Cour suprême a redonné aux Etats la possibilité d'interdire totalement l'IVG. Ce qui est le cas dans une dizaine d'états, comme l'Alabama, l'Arkansas ou la Louisiane, même en cas de viols ou d'inceste. 

Le Wyoming est devenu le premier état à interdire la vente de pilule abortive ; son gouverneur projette d'inscrire l'interdiction de l'avortement dans la constitution et de le soumettre au vote des électeurs.    

En revanche, la pilule abortive, la mifépristone, est disponible dans les pharmacies des états autorisant l'IVG, afin de faciliter l'accès à l'IVG. Celle-ci est autorisée jusqu'à 22 semaines de grossesse dans une douzaine d'états. Et certains l'autorisent sans limite de gestation, comme à Washington, au Nouveau-Mexique ou dans le Vermont. Ces états où les pro-choice l'emportent sur sont qualifiés de "sanctuary states"...                  

Macron veut inscrire la liberté d'avorter dans la constitution + fausse couche  —  Le Mag de la Santé - France 5

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