Maternités trop éloignées : le forfait d'hébergement validé
Les députés ont approuvé un forfait transport et hébergement pour les femmes enceintes vivant à plus de 45 minutes d’une maternité. Une mesure critiquée par une partie de l’Assemblée nationale dans un contexte de fermeture des maternités.
Prendre en charge un forfait transport et hébergement pour les femmes éloignées des maternités. C’est ce que les députés ont approuvé le 25 octobre pour les femmes enceintes qui vivent à plus de 45 minutes d'une maternité, lors de l'examen du projet de budget 2020 de la Sécu. Une idée qui divise au sein de l’Assemblée.
"Sécuriser les femmes"
Le dispositif et ses seuils (distance du domicile, périodes d'attribution...) devront être précisés par décret en Conseil d'Etat. Quelque 60.000 femmes pourraient être concernées pour cette mesure chiffrée à 10 millions d'euros la première année et vouée à monter en charge.
Son objectif : "sécuriser les femmes qui accouchent à plus de 45 minutes de leur domicile" pour "améliorer leur quotidien", a indiqué la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
"C'est un plus pour les femmes, pas une obligation évidemment", a-t-elle insisté en citant les "femmes qui habitent en montagne, au fin fond de la Guyane, sur une île aux Antilles et qui n'ont pas la possibilité d'accoucher dans un hôpital de proximité". La députée La République en Marche Stéphanie Rist s'est quant à elle félicitée d'une mesure "pratique" et de "nouveaux droits" pour les femmes.
Une situation "ubuesque"
Mais cette mesure ne fait pas l’unanimité. Pour la députée La France Insoumise Caroline Fiat, c'est une "fausse bonne idée". Elle ajoute : "Pour éviter de payer des nuits d'hôtel, les maternités vont déclencher les accouchements". C'est une "situation ubuesque parce qu'on ferme des maternités sur les territoires", a-t-elle déploré, suivie par le communiste Pierre Dharréville.
Fermeture des maternités
La députée Les Républicains Emilie Bonnivard, élue en Savoie, s'est montrée plus favorable à la mesure tout en appelant à la "prudence : cela doit rester l'exception. Il ne faudrait pas que cela devienne une justification à la fermeture de certaines maternités".
"Pourquoi on ne s'attache pas davantage à favoriser l'accouchement assisté à domicile ?", s'est interrogée l'élue MoDem Michèle de Vaucouleurs. Selon le socialiste Joël Aviragnet, prendre en charge ce forfait est une "partie de la réponse" seulement, car "une femme ne va pas quitter sa famille".
Sur la fermeture des maternités, Agnès Buzyn a estimé que "ce n'est pas une question de moyens financiers, mais de démographie médicale. Nous n'avons pas les professionnels pour les faire tourner. On manque d'anesthésistes, de pédiatres, de médecins, d'infirmiers de blocs opératoires".
En l’espace de 40 ans, plus des deux tiers des maternités ont fermé. La France compte en effet 498 maternités en 2019 contre 1.747 en 1972.