Placenta : un organe éphémère
Quel organe est à la fois éphémère et indispensable à la vie d'un fœtus ? Réponse : le placenta. Spécialement créé au cours de la grossesse pour permettre le développement du fœtus dans l'utérus de la mère, il est expulsé et détruit après l'accouchement.
Qu'est-ce que le placenta ?
Le placenta est un symbole de la grossesse. C'est lui qui permet à l'embryon, puis au fœtus, de se développer. La vie du futur bébé ne tient qu'au cordon qui le relie à sa mère. C'est lui qui amorce le passage d'une vie aquatique vers une vie atmosphérique.
Le placenta est en fait une sorte d'éponge gorgée de sang et de tissus. Dès que l'embryon s'implante dans la muqueuse utérine, il déclenche le développement du futur placenta. En attendant sa formation, durant les premiers jours de la grossesse, l'œuf puis l'embryon vit sur les réserves assurées dans l'ovule. C'est à la fin du premier mois que le placenta prend le relais pour devenir totalement fonctionnel à la fin du troisième mois.
Cet organe ne sera complètement formé que vers le cinquième mois de grossesse. Le placenta est constitué de villosités, qui sont en réalité un réseau vasculaire formé d'artères et de veines. La circulation sanguine de la mère et celle de son bébé sont ainsi reliées. Ces vaisseaux se regroupent au niveau du cordon ombilical pour apporter au foetus tout ce dont il a besoin.
La durée de vie du placenta est courte, neuf mois tout au plus. Après l'accouchement, le placenta est expulsé environ trente minutes après la naissance du bébé, il se détache de l'utérus, c'est ce que l'on appelle la délivrance.
Le placenta est systématiquement examiné après la naissance par une sage-femme ou une infirmière pour vérifier s'il a été expulsé dans sa totalité et ainsi éviter un risque hémorragique. Si tout va bien, le placenta est ensuite incinéré à titre de "déchet opératoire". Mais dans certaines cultures et selon certains rites, il est parfois récupéré.
Placenta : un organe vital pendant la grossesse
Un placenta, ça ressemble à quoi ? En latin, le placenta signifie "galette". Pourquoi ? Il en a presque la forme. Il est constitué de plusieurs villosités imbriquées les unes avec les autres. C'est un mélange de tissus maternel et foetal.
Quand le placenta va mal
Le positionnement normal du placenta se situe en haut de l'utérus. Mais il peut arriver que le placenta soit mal inséré dans l'utérus.
Il existe un cas de figure très rare qu'on appelle le placenta accreta. Le placenta accreta se produit en général quand l'utérus a été opéré et présente des lésions (lorsque la femme a subi un curetage ou plusieurs césariennes). Le placenta risque alors de s'insérer dans l'utérus, s'enchâsser, de faire corps avec la paroi utérine. Le placenta est directement au contact du myomètre et non de l'endomètre. Conséquence : le jour de l'accouchement, il sera très difficile de retirer le placenta sans créer une hémorragie.
Un cas de figure plus fréquent est ce qu'on appelle le placenta praevia. Parfois le placenta recouvre totalement le col, empêchant le bébé de sortir par les voies naturelles. Il faut alors programmer un accouchement par césarienne.
Dans d'autres cas le placenta est simplement inséré trop bas dans l'utérus, trop près du col, et peut entraîner des complications pendant la grossesse, comme des saignements, ou pire une rupture de la poche des eaux.
L'analyse du placenta
Après l'accouchement, le placenta n'a plus de raison d'exister. Dans les 30 minutes après la naissance du bébé, il est expulsé par des contractions naturelles et spontanées : le placenta se détache de l'utérus et les vaisseaux maternels se rompent. C'est ce qu'on appelle la délivrance. L'utérus, vide, doit alors se contracter complètement sur lui-même pour stopper les saignements des vaisseaux.
Il s'agit d'une phase très délicate avec un enjeu vital pour la mère. Si l'utérus ne se contracte pas comme il faut, il peut se déclencher une hémorragie de la délivrance, qui peut s'avérer très grave. C'est la raison pour laquelle le placenta est systématiquement examiné après la naissance par une sage-femme ou une infirmière. Elles vérifient son intégrité, car le moindre fragment resté au cœur de l'utérus empêcherait une bonne contraction.
Lorsque la grossesse a été compliquée, dans certains cas, le placenta peut être envoyé en service d'anatomopathologie pour y être analysé. On dit souvent en effet que le placenta est la boîte noire de la grossesse. Analyser le placenta permet donc de relire les événements de la grossesse et de mieux diagnostiquer l'état du bébé qui vient de naître.
Placenta : croyances et détournements
De tout temps, l'accouchement est un moment chargé de rituels et de symboles. Et il en est un à qui on prête des pouvoirs ambigus : le placenta. Cet organe nourricier a donné la vie mais il fait aussi saigner la mère en couches. En cela, il peut donner la mort. Le placenta est entouré de nombreuses croyances. On vante ses vertus nutritionnelles, énergétiques voire métaphysiques. En Italie du Sud, on considère le placenta comme le siège de l'âme. Au Mali, Nigeria, Ghana, il est le double de l'enfant. Selon les pays et les traditions, le placenta peut donc être récupéré, brûlé ou enterré sur le seuil de la maison.
Le placenta est une sorte de moitié du nouveau-né, un jumeau de chair et de sang. Jusqu'au XVIIIe siècle, il sera enterré dans la maison ou aux abords. Ce rituel est encore observé. Au Burkina Faso par exemple, la tâche revient aux plus vieilles femmes de la population Bobo. Elles déchirent et nettoient le placenta de toutes les souillures dues à la grossesse. Comme pour une sépulture, l'organe est déposé dans un trou, aspergé d'eau et associé à quelques objets de famille.
Des crèmes au placenta. De ces croyances moyenâgeuses, quelques-unes ont inspiré le monde moderne. Dans l'industrie cosmétique, le placenta était un argument de jeunesse et de beauté. Il entrait dans la composition de crèmes et de maquillages. Les services des grands brûlés utilisaient énormément les extraits de placenta pour favoriser la régénérescence des tissus… Le scandale du sang contaminé puis la maladie de Creutzfeldt-Jakob ont sonné la fin de ces pratiques, reléguant le placenta au rang de déchet opératoire. Cela n'empêche pas certaines femmes aujourd'hui de croire en ses vertus nutritionnelles et énergétiques, au point de manger leur placenta.
Aux Etats-Unis, la dernière lubie de certaines femmes est en effet de consommer leur placenta sous forme de gélules pour lutter contre la dépression post-partum, stimuler la production de lait maternel, fortifier l'utérus... Elles peuvent donc récupérer leur placenta qu'elles confient à une préparatrice spécialisée. Pour la modique somme de 250 dollars, le placenta est déshydraté, réduit en poudre et mis en capsules. Cette pratique est uniquement réalisée dans certains établissements privés et pour le moment, aucune législation ne régit cette pratique.
Il n'existe pas d'étude clinique sur les bienfaits de la consommation du placenta, même si l'on sait que le placenta contient du fer, de la vitamine B12 et des hormones... Cette pratique est formellement interdite en France, où les placentas font partie des déchets opératoires.
À consommer donc ou à admirer. Le placenta inspire aussi les artistes qui proposent aux mères des cadres photo à base de placenta ou encore des empreintes sur papier comme un dernier souvenir de l'accouchement, érigé en oeuvre d'art.
Un sang de cordon aux bienfaits multiples. Si les placentas sont aujourd'hui détruits, les scientifiques s'intéressent particulièrement au sang du cordon ombilical. Les cellules souches qu'il contient peuvent donner toutes les autres cellules de l'organisme. Une voie thérapeutique majeure pour traiter des maladies du sang comme les cancers, les leucémies ou les lymphomes. À l'heure actuelle, en France, plus de 30.000 poches de sang placentaire sont stockées afin de faire l'objet d'une greffe.