Don de sperme : faut-il lever l'anonymat ?
Faut-il lever l'anonymat des donneurs de sperme ? C'est en tout cas ce que propose le rapport de la mission parlementaire chargée de préparer la future loi de bioéthique.
La mission parlementaire sur la loi de bioéthique est favorable à la levée de l'anonymat des donneurs de sperme. Les enfants conçus par PMA pourraient ainsi connaître l'identité du donneur sur simple demande, dès leurs 18 ans.
Actuellement, le don de gamètes est anonyme. Mais depuis plusieurs années, des enfants, issus de dons, se battent pour faire changer la loi. Grâce à des tests génétiques commercialisés sur Internet mais interdits par la loi, certains ont même pu retrouver leur donneur.
Une levée de l'anonymat qui divise
Beaucoup de médecins s'opposent à la levée de l'anonymat. Certains spécialistes craignent notamment que les parents ne disent plus à leurs enfants qu'ils sont issus d'un don : "Les gens demandent un sperme anonyme. Les parents naissent avant les enfants et ce sont les parents qui viennent demander un sperme anonyme. Au demeurant, si les parents souhaitent un sperme d'une personne qu'ils connaissent, ils n'ont pas besoin de nous", explique le Pr Jean-Philippe Wolf, biologiste de la reproduction.
D'autres spécialistes proposent une solution à mi-chemin : la transmission de données non-identifiantes comme les motivations du donneur ou son métier. "L'idée, c'est de transmettre les données dès lors qu'il y a une naissance au sein du couple. Et si le couple le souhaite, de lui transmettre. De la même façon, pour les enfants conçus par don, de leur transmettre ces informations qu'à leur demande et non pas de manière d'emblée systématique", précise le Pr Nathalie Rives, présidente de la Fédération des CECOS (centres de conservation des oeufs et du sperme).
L'objectif est d'humaniser le donneur. Depuis les années 70 et les débuts de l'aide médicale à la procréation, près de 70.000 enfants sont nés grâce à un don de gamètes. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé cette semaine que le projet de loi de bioéthique qui traitera de cette question de l'anonymat des donneurs, mais aussi de la PMA pour toutes, sera présenté en Conseil des ministres au mois de juin 2019.