Travail de nuit : la fertilité des femmes pourrait être impactée
La fertilité des femmes exerçant un métier physique ou avec des horaires tardifs serait moins bonne que celle des autres femmes, selon une étude publiée mercredi. Mais les travaux ne permettent pas pour l'instant d'établir un lien de cause à effet.
Celles dont le travail implique "parfois ou souvent" de soulever des objets lourds ont moins d'ovocytes en réserve que les autres, observe cette étude, menée auprès de 473 patientes d'une clinique spécialisée dans les problèmes de fertilité, d'un âge médian de 35 ans.
Et parmi les 313 patientes qui ont entrepris au moins un traitement de fécondation in vitro (FIV), celles soulevant des objets lourds ont moins bien répondu à la stimulation, elles avaient 14,5% d'ovocytes matures en moins en moyenne, poursuit l'article publié dans la revue médicale Occupational and Environmental Medicine.
Possible dérèglement de l'horloge interne
Cette association négative est encore plus forte pour les patientes en surpoids (indice de masse corporelle supérieur ou égal à 25). De même, celles qui travaillent en soirée, de nuit ou avec des horaires variables avaient moins d'ovocytes à maturation après une stimulation ovarienne, ajoutent les chercheurs, qui avancent comme explication possible la perturbation de l'horloge interne. "Ces résultats ont des implications médicales, car les femmes avec moins d'ovocytes matures auront moins d'ovules capables de se développer en embryons viables", soulignent-ils.
Des études ont déjà été menées sur la façon dont les conditions de travail affectent la fécondité des femmes (temps pour tomber enceinte, probabilité de mener la grossesse à terme), mais on sait encore mal comment elles influent sur les mécanismes biologiques de la fertilité, ajoutent les auteurs de l'étude, qui travaillent pour la plupart au Harvard School of Public Health, à Boston (Etats-Unis).
Cette étude permet d'observer un lien statistique mais pas d'établir un lien de cause à effet, et ses résultats ne peuvent être généralisés aux couples cherchant à concevoir sans assistance médicale, précisent-ils. De plus, l'étude porte sur moins de 500 femmes, ce qui n'est pas suffisant pour exclure d'autres facteurs ayant diminué leur fertilité, commente Channa Jayasena, endocrinologue à l'Imperial College de Londres. "Par exemple, il est possible que (les femmes travaillant en rotation et avec des métiers physiques) étaient plus pauvres et avaient donc des conditions sociales ou un régime alimentaire différent de celles avec des horaires classiques de 9h à 17h", analyse-t-elle.