Guerre Hamas-Israël : les ONG ne peuvent plus intervenir
Depuis ce vendredi 13 octobre, plusieurs organisations d’aide humanitaire ont demandé la mise en place de corridors dans la bande de Gaza. La guerre opposant Israël et le Hamas a déjà fait plus de 1 800 morts sur ce territoire.
"Nous redoutons une catastrophe humanitaire sans précédent", alerte Ivan Karakashian, responsable de plaidoyer de l'ONG Norwegian Refugee Council (NRC). Au pouvoir à Gaza depuis 2007, le Hamas, qualifié d'organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l'Union européenne, continue de tirer des roquettes par centaines sur Israël. Selon l'ONU, plus des deux tiers de la population de la Bande de Gaza vivent de l'aide humanitaire.
"Pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz"
Israël soumet la bande de Gaza à un "siège complet" depuis le 9 octobre, en représailles à l'offensive de grande ampleur du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le pays, qui a causé deux jours plus tôt la mort de plus de 1 300 personnes en Israël. "Pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz, tout est fermé", avait alors annoncé le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant.
En sus, l'armée israélienne a appelé vendredi 13 au matin "tous les civils" de la ville de Gaza à évacuer leur habitation et à se diriger vers le sud du territoire. Des milliers de Gazaouis ont ainsi commencé à se rendre vers la frontière entre la bande de Gaza et l'Égypte.
Un siège contraire au droit humanitaire
Les opérations de nombreuses organisations sont suspendues. "Nos collaborateurs fuient avec leurs familles (...) sans bien sûr savoir où ils seront en sécurité à Gaza, et ils sont incapables de fournir une aide vitale à ceux qui en ont besoin", explique M. Karakashian, dont l'organisation emploie 53 personnes localement.
"A priori, à part acheter des médicaments sur le marché local pour les distribuer à nos partenaires, on ne peut pas faire grand-chose, du moins tant que rien ne rentre dans Gaza", précise Louise Nichet, responsable du pôle Moyen-Orient de Médecins du Monde (MDM) alors que les communications sont entravées par le manque d'électricité. "L'intensité du siège, et toute la situation en général, c'est du jamais vu, et s'il est besoin de le rappeler, ce siège est contraire au droit humanitaire".
À lire aussi : En Ukraine, les attaques contre des centres de santé ont coûté la vie à près de 100 civils
Un système de santé au point de rupture
"Le système de santé dans la bande de Gaza est à un point de rupture", déclare depuis Genève Tari Jacassière, un porte-parole de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), soulignant que six des sept hôpitaux du territoire ne fonctionnent que partiellement, le dernier, à Beit Hanoun (au nord de Gaza) n'étant plus en capacité d'opérer "à cause des frappes aériennes".
L'organisation britannique Medical Aid for Palestine (MAP) a expliqué que ses employés à Gaza avaient "peur" mais que certains continuaient à travailler. "Ils ont besoin de votre aide", implore l'ONG.
Les ONG appellent "à ne pas négliger leurs obligations"
MDM demande que l'ordre d'évacuation soit "révoqué", Médecins sans frontières (MSF) réclame la mise en place "de zones sécurisées", NRC des "corridors humanitaires", et le Comité international de la Croix-Rouge appelle les deux parties en conflit "à ne pas négliger leurs obligations" en matière de droit international des conflits.
Depuis quelques jours circulent des informations non confirmées sur diverses tentatives de médiation. "On attend d'en savoir plus", a indiqué Miriam Marmur, de Gisha, une ONG israélienne de défense des droits de l'Homme.
Problème pour instaurer des zones sécurisées
"C'est complexe : même si le point de passage de Rafah [entre la bande de gaza et l'Egypte] était ouvert pour quelques heures, étant donné l'état des routes après les bombardements, on ne sait pas ce qui pourrait réellement atteindre Gaza et dans quelles quantités", ajoute-t-elle, à propos de l'aide humanitaire.
Une offensive terrestre israélienne sur Gaza, scénario qui se dessine peu à peu, pourrait aussi compromettre l'instauration de zones sécurisées.