Handicap : un député en fauteuil roulant à l'Assemblée nationale
Le député écologiste de Dordogne, Sébastien Peytavie, élu en juin dernier, ne peut siéger à l'Assemblée que depuis janvier. Auparavant, aucun aménagement ne permettait d'accéder à l'hémicycle en fauteuil. Reportage.
C’était le 24 janvier dernier, la parole était à Sébastien Peytavie, pour le groupe écologiste. Avec émotion, il posait pour la première fois une question au gouvernement. Sébastien Peytavie est un pionnier : c’est le premier député en fauteuil roulant de la Ve République.
"Il faut slalomer"
À l’âge de trois ans, Sébastien est devenu paraplégique, mais ce handicap n’a jamais été un frein pour le député de Dordogne."Il faut slalomer. Quand on a fait quelques années de rugby-fauteuil, on est habitué à faire l’esquive", commente Sébastien Peytavie, député Eco-Nupes.
Le 8 mars, il a souhaité être présent à la "grève féministe" et montrer son soutien à la lutte pour l’égalité entre femmes et les hommes."Sébastien, c'est un allié depuis le début de ces luttes-là donc je suis très heureuse qu'il soit dans la manif avec nous", confie Sandrine Rousseau, députée EELV.
Des travaux d'aménagement dans l'hémicycle
Au Palais Bourbon, à cause de soucis de santé, Sébastien n’y déambule que depuis début janvier 2023. Certains couloirs étaient déjà équipés de dispositifs destinés aux visiteurs handicapés."Ça prend un peu de temps, mais ça me permet d'avoir accès aux différentes parties du bâtiment. Je ne me suis jamais posé la question en allant dans un endroit de savoir s'il est accessible ou pas", explique Sébastien Peytavie.
Mais quand il s'agit de siéger dans l’hémicycle, ce lieu chargé de symboles, rien n’avait été pensé avant le mandat de Sébastien. Si l’aménagement paraît simple, il a demandé pas mal de réflexion."Il a été mis en place cette rampe ensuite le pupitre peut pivoter pour que je puisse m'installer ou qu'un fauteuil un peu plus grand puisse passer. Je me retrouve installé à côté des ministres. C'est intimidant, on ne peut pas s'endormir discrètement. Être le premier député en fauteuil roulant, peut envoyer le message à plein de personnes en situation de handicap, qu'effectivement, c'est possible", confie Sébastien Peytavie.
Ne pas être qu'un porte-drapeau du handicap
Pourtant, il ne tient pas à être un porte-étendard du handicap. Psychologue clinicien bien au fait des soucis dans le monde médical, Sébastien compte essayer de faire avancer la société. "Sur ce mandat pour moi, il y a une boussole à savoir la question de la vie digne de pouvoir vivre dignement et effectivement ça concerne tout le monde. Je crois qu'aujourd'hui que ce soit sur la question de l'alimentation, du soin, de la mobilité, s'il n'y a pas cette boussole, on va laisser beaucoup de personnes en fait sur le bord de la route", précise-t-il.
À l’échelle de la population française, pour que la représentativité soit respectée, il faudrait dans l’hémicycle au moins cinq députés en fauteuil roulant.