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Hépatite d’origine inconnue et Covid : y'a-t-il un lien ?

Les hépatites d’origine inconnue qui continuent de frapper les enfants à travers le monde pourraient s’expliquer par une double infection au coronavirus et à un adénovirus. On vous explique.

Laurène Levy
Rédigé le , mis à jour le
Shutterstock

Au moins 450. C’est le nombre de cas d’enfants atteints à travers le monde d’hépatites d’origine inconnue au 11 mai, selon le centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Si les causes de ces maladies du foie restent floues, les premières recherches ont déjà permis d’éliminer certaines hypothèses et d’identifier les plus probables.

Dans une note publiée le 13 mai dernier dans la prestigieuse revue The Lancet, deux spécialistes en immunologie et en infectiologie à l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni) et au Centre médical Cedars-Sinaï de Los Angeles (États-Unis) dressent le bilan des connaissances actuelles. 

Les causes vaccinales et toxiques écartées

Première chose à retenir de leur court article : les pistes éliminées. Parmi elles, le vaccin contre le Covid, pour la simple raison que les enfants touchés par les hépatites avaient pour la plupart moins de cinq ans et étaient donc trop jeunes pour être éligibles à la vaccination anti-covid.

Les hépatites virales, ensuite, déclenchées par les virus A, B, C, D et E n’ont pas non plus été retenues puisqu’aucun enfant malade ne présentait ce type de virus.

Enfin, une cause toxique comme un polluant a également été écartée car "jusqu'à présent, aucune exposition environnementale commune n'a été trouvée", rapportent les auteurs. 

Une co-infection par deux virus

Pour eux, "un agent infectieux reste la cause la plus plausible". Mais lequel… ou lesquels ? La première piste est celle d'un adénovirus, en particulier l’adénovirus de sous-type 41F, présent chez près de trois enfants malades sur quatre.
Deux problèmes, cependant : ce virus est très commun chez les enfants, et il n’existe pas de preuve à ce jour qu’il puisse être lié aux maladies hépatiques. 

C’est ici que la piste du Covid entre en jeu. Lorsque les premiers cas d'hépatites d'origine inconnue sont apparus, cette piste avait été éliminée parce que le coronavirus n'était que rarement identifié chez les enfants malades. Mais l’infection au Covid pourrait être antérieure à l’hépatite et avoir participé, bien plus tard, à sa survenue.

Cette théorie n’est pas farfelue : prenez notamment les PIMS, ces syndromes inflammatoires multisystémiques pédiatriques, qui surviennent chez les enfants plusieurs semaines après l’infection au coronavirus.
Et pour les scientifiques, l’hypothèse la plus probable est celle d’une action combinée du Covid et des adénovirus, autrement dit d’une "co-infection" par ces deux virus. 

Des "superantigènes" qui activent le système immunitaire

Mais pas de manière systématique. L’hépatite surviendrait lorsque le coronavirus et l'adénovirus persistent tous les deux dans le tube digestif de l'enfant après l'infection. Ils y libèreraient alors des protéines virales de façon répétée.

Et ces particules virales agiraient ensemble comme des "superantigènes", des toxines de nature protéique qui activeraient le système immunitaire. C'est en stimulant certaines cellules immunitaires que ces particules pourraient favoriser la survenue d’une hépatite.

Par quels mécanismes ? La question reste entière. Les scientifiques doivent désormais creuser cette piste pour la valider d’abord, la comprendre ensuite et trouver comment enfin l'endiguer. 

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