Quelle musique passe à la radio...graphie ?
Dans les années 50, alors que l’URSS censurait toute musique venue de l’Ouest, des soviétiques eurent l’idée de copier leurs tubes favoris sur des radiographies récupérées dans les hôpitaux. Les roetgenizdat étaient nés.
En URSS, la musique venue de l’Ouest n’était pas autorisée par le régime. En dehors des chants grégoriens et de la musique folklorique russe, les soviétiques n’avaient donc guère le choix... Dans les années 50, de jeunes amateurs de musique occidentale eurent donc l’idée de copier les œuvres bannies par le régime sur des radiographies, les disques vinyles vierges étant difficiles à trouver et très chers.
Pour écouter Elvis ou Bill Haley en toute illégalité, il suffisait donc de posséder une machine à graver des disques, ce que l’ex-URSS autorisait, et de disposer de radiographies, ce dont regorgeaient les poubelles des hôpitaux. On avait alors, entre les mains, un magnifique roetgenizdat, avec lequel il était possible, enfin, d’écouter de la "bone music" : les chansons étaient, en effet, copiées sur des radios de crânes, de poumons, de fémurs, etc. Littéralement, le terme roetgenizdat provient de Röntgen, du nom du physicien allemand inventeur des rayons X, et de "izdat", contraction de samizdat, "auto-édité" en russe.
Circulant sous le manteau, ces disques n’avaient évidemment pas la qualité acoustique de leurs homologues en vinyle. Mais les Russes n’étaient plus contraints d’écouter uniquement la musique autorisée par le régime. A la seule condition, évidemment, de ne pas se faire attraper, sous peine de finir au goulag pour « activités contre-révolutionnaires ».
Grâce au documentaire "X-ray audio", réalisé par Stephen Coates et Paul Heartfield, la "bone-music" de l’ère soviétique n’aura plus de secrets pour vous...