Une femme s'est présentée à l’hôpital avec le sang complètement bleu
Une Américaine de 25 ans souffrait d’une maladie provoquée par un excès de médicament anesthésique. Sa peau et son sang étaient teintés de bleu à cause d’une chute d’oxygénation de son sang.
C’est un cas peu commun auquel les médecins du Miriam Hospital (Providence, États-Unis) ont eu affaire. Une femme de 25 ans s’est en effet présentée aux urgences avec le sang complètement bleu. Ils rapportent ce cas le 19 septembre 2019 dans le New England Journal of Medicine.
88% d’oxygène dans son sang seulement
Depuis la veille, la jeune femme souffrait de faiblesse générale, de fatigue, d’essoufflement et de décoloration de la peau. A l’hôpital, les médecins enregistrent une fréquence respiratoire de 22 cycles par minute alors que chez l’adulte, la fréquence normale est comprise entre 12 et 20 cycles par minute. De même, sa saturation en oxygène du sang était de 88%, alors qu’elle doit habituellement être située entre 95 et 100%.
Autre observation : sa peau est "cyanotique", c’est-à-dire qu’elle présente une coloration bleutée. Et pour cause : son sang artériel comme veineux est sombre, comme le montrent les prélèvements sanguins que les médecins réalisent.
Hémoglobine contre méthémoglobine
Mais comment expliquer cette couleur ? Par une protéine présente dans le sang, la méthémoglobine. Contrairement à l’hémoglobine qui est de couleur rouge, la méthémoglobine est brune-bleutée. Il s’agit d’une forme d’hémoglobine incapable d’assurer sa fonction initiale de transporter l’oxygène dans le sang.
Chez cette patiente, le pourcentage de méthémoglobine dans le sang était de 44%. Un chiffre très élevé comparé au taux normal dans le sang humain qui est inférieur à 2%.
Or, plus ce taux augmente, plus le sang contient de méthémoglobine et moins il contient d’hémoglobine. Le sang prend donc une coloration brune-bleutée et le corps est moins bien oxygéné. Une condition qui porte le nom médical de méthémoglobinémie.
Du bleu de méthylène comme antidote
Le traitement contre cette maladie a de quoi faire sourire : du bleu de méthylène en intraveineuse, un colorant bleu qui est utilisé comme antidote dans certains cas de méthémoglobinémie, en agissant sur un mécanisme cellulaire de réduction de la méthémoglobine. Dès injection de cette substance, la fréquence respiratoire de la jeune femme a diminué et sa peau a retrouvé une coloration normale.
A l’origine de ce dérèglement : une prise en excès d’anesthésique local, la benzocaïne, la nuit précédente pour calmer une douleur dentaire. En effet, "la méthémoglobinémie peut survenir après une exposition à un certain nombre de médicaments, y compris des anesthésiques locaux tels que la benzocaïne" notent les médecins dans leur publication. Les mécanismes et les "voies métaboliques" expliquant ce phénomène "semblent varier d’une personne l’autre, ce qui peut expliquer l’imprévisibilité de cette complication" ajoutent-ils.
L’histoire se termine bien pour cette jeune Américaine : ses symptômes ont totalement disparu et l’hôpital l’a ensuite dirigée vers un spécialiste externe pour soigner son mal de dents.