IST : pourquoi les Français n'utilisent-ils plus de préservatif ?

Pourquoi les Français boudent-ils le préservatif ? Si son utilité est bien connue de tous et toutes, un récent sondage Harris Interactive pour l'entreprise Gilead Sciences - un laboratoire pharmaceutique "engagé dans la lutte contre le VIH" selon le communiqué de presse - montre qu'il n'est pas un automatisme dans la vie sexuelle des Français.

Plus précisément, "parmi les Français ayant rencontré au moins un nouveau partenaire sexuel au cours des dernières années, 53 % des Français déclarent ne pas s’être protégés systématiquement, soit quatre points de plus qu’il y a quatre ans", note l'étude.

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La confiance, premier argument cité par les sondés

"La raison principale de ne pas se protéger est la confiance envers le partenaire sexuel qui est citée par 45 % des Français concernés, un chiffre qui monte même à 61 % chez les 50 ans et plus", poursuit le sondage.

Le Pr Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon, le déplore : "la confiance peut être lourde de conséquences". Chez les personnes de plus de 50 ans, cette confiance peut s'expliquer par les parcours de vie. Les personnes divorcées, par exemple, n'ont pas pris l'habitude d'intégrer le préservatif dans leur vie sexuelle et ont donc plus de mal à y penser lorsqu'elles retrouvent un partenaire. 

"Il faut déringardiser le préservatif"

D'autres arguments sont évoqués par les Français. Ainsi, 30 % des personnes interrogées et 36 % des hommes expliquent vouloir "de meilleures sensations" en ne portant pas de préservatif. 

"Il faut déringardiser le préservatif et l'intégrer au jeu érotique", plaide le Pr Gilles Pialoux. Ainsi, il conseille de se familiariser avec l'objet. "Il ne faut pas que ce soit un tue-l'amour. Utilisez-le en vous masturbant, par exemple !".

Pour rappel, le préservatif est le seul moyen de contraception permettant de se protéger des infections sexuellement transmissibles (IST).

Le préservatif encore trop connoté

37 % des 25-34 ans expliquent aussi tout simplement ne pas avoir de préservatifs sur eux. Un constat révélateur du marqueur social que représente encore le préservatif. "Beaucoup de lycéennes par exemple me disent qu'elles ne se voient pas avoir de préservatif dans leur sac, en raison des réactions que cela peut induire si quelqu'un s'en rend compte", explique encore le Pr.

C'est pourquoi le professionnel milite pour la normalisation de cet outil de prévention. "Il faut faire évoluer sa connotation sociale", martèle le Pr Gilles Pialoux.

Si vous ne vous êtes pas protégé, il n'est pas trop tard !

26 % des jeunes expliquent encore cette non-protection "par le fait d’être sous l’emprise de l’alcool et autres substances", note le communiqué de presse. Quelle que soit la raison, si vous avez eu une relation non protégée, il n'est pas trop tard pour agir ! "Vous pouvez vous rendre dans n'importe quel hôpital public et demander un traitement post-exposition", préconise le spécialiste.

L'objectif est de se faire dépister pour casser les chaînes de contamination "mais également de faire de la prévention pour ne plus en arriver à la même situation", en fonction de chaque personne. Ce dispositif est entièrement pris en charge par l'Assurance Maladie.