IVG : vers une pénurie de pilules abortives en France ?
Depuis plusieurs semaines, les pharmacies de l'Hexagone connaissent des tensions d'approvisionnement en médicaments pour avorter. Plusieurs pharmacies sont même en rupture de stock.
L'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est-il menacé en France ? Ces dernières semaines, avoir recours à un avortement médicamenteux semble en tout cas de plus en plus compromis.
En cause : "des difficultés d’approvisionnement en pilules abortives type mifépristone et misoprostol", explique Sarah Durocher, la présidente du Planning familial. Face à ce constat, l'association exhorte le ministre de la Santé à réagir.
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Trois quarts des avortements sont médicamenteux
Le Planning familial s'appuie sur l'alerte de l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds). "De nombreux témoignages nous remontent depuis 48 h en particulier : le misoprostol utilisé pour les IVG médicamenteuses est porté disparu dans la totalité des pharmacies à Lille et à différents endroits en région parisienne. À ce stade, il ne s'agit plus de tensions mais bien de pénurie", écrit-il sur Twitter.
Et de conclure : "cette indisponibilité compromet concrètement le droit à l'IVG". D'autant plus que l'immense majorité des avortements sont faits par voie médicamenteuse : 76 %, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees).
Comment expliquer cette pénurie ?
"Le misoprostol est un médicament sous brevet. Sa production est concentrée sur un unique site. En cas de problème industriel, comme une impureté, qui ralentit ou arrête la fabrication, il n’y a aucune solution de repli", explique encore l'OTMeds.
Et cette situation n'est pas nouvelle. En mai 2020 déjà, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes avait alerté sur les problèmes de disponibilités des deux médicaments utilisés pour des avortements. "En juillet dernier, ces pénuries étaient aussi au centre des alertes lancées par des collectifs féministes", poursuit l'OTMeds.
Plus récemment, l'observatoire a exposé la situation au Sénat le 7 avril et publié une tribune qui aborde ce problème qui remet "clairement en cause le droit à l’avortement alors que sa constitutionnalisation est au cœur des débats. Que vaut un principe constitutionnel si un gouvernement n’agit pas pour qu’il soit effectif et opérationnel ?" s'indigne l'OTMeds.