Névralgie pudendale : les douleurs aiguës du périnée
Des sensations de brûlure, de décharges électriques à la limite du supportable... La névralgie pudendale touche une partie intime de notre anatomie : la région du périnée. Comment diagnostique-t-on une névralgie pudendale ? Quel est le traitement ?
Qu'est-ce qu'une névralgie pudendale ?
Des sensations de brûlure, de décharges électriques à la limite du supportable... La névralgie pudendale touche une partie intime de notre anatomie : la région du périnée. Région où se situent les organes génitaux externes et l'anus.
À l'origine de ces douleurs, un nerf : le nerf pudendal, autrefois appelé nerf honteux, car il donne la sensibilité à l'une des zones les plus intimes de notre anatomie.
Le nerf pudendal sort dans le bassin en passant par la fesse pour gagner le périnée. Ensuite, il se divise en trois. Il y a en bas une branche périnéale et une branche anale, et enfin au dessus une branche qui innerve une partie des organes génitaux : c'est le nerf dorsal de la verge chez l'homme, le nerf dorsal du clitoris chez la femme.
Comme tous les nerfs, lorsque le nerf pudendal est comprimé ou agressé, il provoque des douleurs chroniques : des névralgies. Ces douleurs sont souvent décrites comme des sensations de brûlures intenses, d'élancement ou d'engourdissement et elles peuvent devenir intolérables.
Les névralgies pudendales peuvent aussi provoquer des troubles urinaires, fécaux ou sexuels. Et enfin, elles ont un énorme impact sur la qualité de vie : comme les névralgies pudendales sont particulièrement intenses en position assise, il devient impossible pour certaines personnes d'aller au travail ou d'avoir une vie sociale.
Les patients restent souvent seuls face à leurs douleurs car l'errance diagnostique est longue, quatre ans en moyenne. Cette solitude plonge même certaines personnes dans une profonde dépression. Les causes d'une névralgie pudendale sont variées. Elles peuvent provenir d'une tumeur qui appuie sur le nerf, d'une maladie inflammatoire ou encore de sa compression mécanique.
Le nerf pudendal peut être coincé à deux endroits. À la sortie du pelvis, le ligament sacro-épineux et le ligament sacro-tubéral peuvent former une pince et comprimer le nerf. Mais il peut aussi être coincé dans le canal d'Alcock juste avant le pubis.
Diagnostiquer une névralgie pudendale
Pour proposer un traitement approprié, les médecins doivent d'abord rechercher l'origine de la névralgie. Quand l'origine tumorale est écartée, un examen spécifique est nécessaire pour savoir si la pudendalgie a une origine inflammatoire ou mécanique.
Pour comprendre l'origine de la névralgie et envisager un traitement, le médecin effectue l'infiltration d'un produit anesthésiant sous scanner. Si la douleur diminue, il y a de forte chance pour que la névralgie ait pour origine la compression du nerf.
Avant de procéder à l'infiltration, le médecin réalise une légère anesthésie locale. Il installe ensuite deux longues aiguilles qui lui permettent d'injecter le produit d'infiltration. Grâce au scanner, le médecin contrôle leur position. Elles doivent être placées très précisément au niveau de l'épine sciatique. C'est à cet endroit que le nerf pudendal peut se retrouver doublement en contrainte mécanique, c'est-à-dire contournant l'épine sciatique et en même temps se trouvant dans la pince ligamentaire (le nerf se retrouve pincé entre deux ligaments).
L'infiltration sous scanner n'est qu'un des cinq critères qui permet à l'équipe médicale de dire si la névralgie pudendale est d'origine mécanique. On les appelle les critères de Nantes : le patient ressent des douleurs dans la zone du nerf pudendal, elles sont aggravées en position assise, mais soulagées sur un WC, elles ne le réveillent pas pendant la nuit et ne provoquent pas de baisse de sa sensibilité, enfin l'infiltration les fait diminuer.
Névralgie pudendale : un traitement chirurgical
Si la névralgie pudendale est d'origine mécanique, l'équipe médicale peut proposer une opération. La chirurgie consiste à couper le ligament sacro-tubéral et le ligament sacro-épineux pour permettre au nerf d'être libéré de la pince ligamentaire et du canal d'Alcock.
Il s'agit d'une chirurgie assez rapide qui en une seule incision règle toutes les contraintes possibles du nerf pudendal. Elle a été mise au point il y a plus de vingt ans par une équipe médicale nantaise.
Le taux de réussite de cette chirurgie est de 70%. Si une très large majorité des patients sont donc délivrés de leurs souffrances quelques mois après l'opération, d'autres verront certaines douleurs toujours présentes. Les médecins spécialistes de la douleur vont alors rechercher les solutions thérapeutiques les plus adéquates. Cela peut passer par une prise de médicaments mais aussi par une électrostimulation, de la sophrologie ou encore des séances d'hypnose.