La méthode McKenzie pour gérer son mal de dos sans médicaments ni chirurgie
Grâce à des exercices de kinésithérapie, la méthode McKenzie délivre au patient souffrant de problèmes de dos un "mode d'emploi" pour gérer sa douleur en toute autonomie.
Pour gérer des douleurs de dos et apprendre à les gérer, le recours à un kinésithérapeute formé à la méthode McKenzie (également appelée MDT : Diagnostic et Thérapie Mécanique) peut s’avérer être un choix pertinent.
Officiellement, la Haute Autorité de Santé conseille dans les lombalgies aiguës de moins de sept jours, l’autogestion des symptômes, la reprise des activités quotidiennes et une reprise fractionnée et adaptée de l'activité physique. Elle recommande de consulter un kinésithérapeute en cas de lombalgie chronique, de plus de trois mois, ou à risque de le devenir. Mais le faire plus tôt pourrait être intéressant pour éviter une récidive.
Première étape : vérifier l'indication
La méthode McKenzie se déroule en quatre étapes, dont les deux premières auront pour objectif la diminution des douleurs. "La première étape consiste à déterminer si cette approche est indiquée ou non. En effet, ce n’est pas une méthode miracle" met en garde d'emblée Jean-Philippe Deneuville, kinésithérapeute formé à la méthode.
Elle ne prend en charge que les troubles à dominante mécanique (le lumbago en est un exemple) et non les douleurs d'origine inflammatoire, comme la spondylarthrite, et qui sont une contre-indication. Le praticien effectue un bilan en commençant par un interrogatoire approfondi. Il analyse à la fois le type de douleurs mais aussi ses répercussions dans la vie professionnelle et personnelle du patient.
Le kinésithérapeute poursuit par un examen mécanique en faisant répéter au patient certains mouvements. Il objective ainsi si ces mouvements influencent la douleur, soit en localisation soit en intensité, reprend le spécialiste. Si c'est le cas l’indication de la méthode est posée et des études de qualité montrent que cela est possible chez un patient sur deux, voire deux patients sur trois.
Deuxième étape : diminuer la douleur
La deuxième étape vise à soulager dans la mesure du possible toutes les douleurs du patient. On commence par éduquer le patient quant à la bonne réalisation de l’exercice qui fonctionne pour lui et qu'il devra reproduire à la maison. "C'est minimaliste mais cela demande au patient de s'impliquer et de faire des séries de quelques minutes plusieurs fois par jour", précise Jean-Philippe Deneuville.
Un autre outil utilisé concerne les aides ergonomiques, comme modifier le poste de travail, la position assise, les contraintes mécaniques lors des activités physiques, etc. Un dernier outil peut être utilisé au besoin par le kinésithérapeute formé : il s’agit de la thérapie manuelle, en d'autres termes des mobilisations manuelles par le kinésithérapeute.
D'après les statistiques sur les lombalgies, comme celles de l’étude d’Audrey Long en 2004, après deux semaines de traitement, quatre patients sur 10 ne ressentent plus aucune douleur et 95% trouvent que c'est mieux. Dans l'expérience de Jean-Philippe Deneuville, "la réponse est là en trois à quatre semaines, si cela doit répondre" et s'il n'y a pas d'amélioration durant ce délai, il n'y en aura pas.
Troisième étape : retrouver son autonomie
Il reste alors deux étapes pour offrir au patient une véritable autonomie dans sa vie quotidienne.
"On l'accompagne pour qu'il puisse bouger à nouveau dans toutes les directions et reprendre toutes ses activités antérieures" commente le kinésithérapeute. Cela n'est pas propre à la méthode McKenzie mais s'inscrit dans les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé. "Cette reprise d’activité se fait évidemment dans la mesure du raisonnable : on ne va pas faire gravir l'Everest après trois opérations du dos !"
Quatrième étape : éviter la récidive
La quatrième et dernière étape repose sur la prévention des rechutes mais débute en réalité dès le début de la prise en charge. "Le propre de la lombalgie est de rechuter" commente Jean-Philippe Deneuville. En effet, trois patients sur quatre ayant souffert d’une lombalgie dans l'année auront une rechute.
"Le gros avantage de cette méthode à mon avis est qu’elle permet à la fois une auto-prise en charge et une auto-prévention. Le patient est lâché dans la nature dès qu'il a le mode d'emploi de son dos. S'il sent que son mal de dos revient, il refera d'emblée ses exercices et n'ira pas jusqu'à la grosse crise avec blocage" explique-t-il.
Pour Laurent Rousseau, représentant du Collège de la masso-kinésithérapie, "c'est une méthode qui s'adresse aux patients et non à la pathologie. Le premier intérêt est l'autonomisation du patient, l'idée de la prise de pouvoir du patient sur lui-même(l'empowerment en anglais) et c'est ce qu'il y a le plus important."
Indications et effets secondaires
L'indication phare correspond à tous les problèmes de vertèbres cervicales, thoraciques et lombaires. "Depuis, des kinés anglophones utilisent les mêmes techniques sur les articulations comme la hanche, l'épaule, le genou, détaille Jean-Philippe Deneuville. Moins de patients répondent mais quand ça répond, ça répond tout aussi bien."
Les effets secondaires consistent le plus souvent en une accentuation durant quelques jours voire une ou deux semaines de la douleur. "Mais c'est le cas si le kinésithérapeute n'est pas dans la bonne indication ou dans une mauvaise progression de la prise en charge", alerte le thérapeute. Ce qui implique de trouver un praticien formé. Pour le spécialiste de la méthode, les effets secondaires sont problématiques dans une catégorie très particulière de patients : les candidats potentiels à la chirurgie. "On peut alors accélérer le recours à la chirurgie si la méthode est mal faite..."
Comment trouver un praticien compétent ?
"Dans la méthode McKenzie, la première partie du bilan est la recherche du drapeau rouge et de la contre-indication, commente Laurent Rousseau. C'est ce que tous les thérapeutes formés à la méthode apprennent en premier, il y a donc une sécurité et des garde-fous."
D'où la nécessité de bien se renseigner sur la formation de son praticien. Les kinésithérapeutes l'ayant suivie sont référencés sur le site de l'institut de McKenzie ou celui de l'association francophone McKenzie. Et on peut trouver un praticien sur l'un de ces annuaires sur la carte. Les patients peuvent également contacter l’institut McKenzie France.