Comment soulager l'arthrose ?
Un pouce très sensible et gonflé, un genou ou une hanche comme "rouillés" à chaque pas, des douleurs... près de 12 millions de Français sont touchés par l'arthrose. Anti-inflammatoires, infiltrations, kinésithérapie font partie de l'arsenal anti-arthrose.
Difficultés à marcher, manque de souplesse, douleurs articulaires... tels sont les symptômes caractéristiques de l'arthrose. En France, 17% de la population en souffrent. Cette pathologie est souvent liée à l'avancée en âge même si de jeunes patients peuvent aussi être concernés. L'arthrose touche les genoux, les hanches, la colonne vertébrale mais aussi les mains, les doigts ce qui peut compliquer les gestes les plus simples.
Qu'est-ce que l'arthrose ?
L'arthrose fait souvent suite à une destruction mécanique du cartilage. L'articulation du genou par exemple rassemble le fémur, l'os de la cuisse, la rotule et le tibia - fibula (péroné). Comme dans toutes les articulations, le cartilage recouvre les surfaces articulaires. Il protège l'extrémité des os lors des frottements, et facilite le mouvement de l'articulation. Son action est soutenue par la membrane synoviale : elle sécrète un liquide qui va aider les surfaces osseuses à glisser les unes sur les autres, tout en limitant les frottements.
Le cartilage joue aussi le rôle d'amortisseur. Il doit donc être à la fois rigide et déformable pour encaisser des chocs tout en répartissant de façon équilibrée les pressions qui s'exercent sur l'articulation. C'est la raison pour laquelle il est composé à 70% d'eau, mais aussi de collagène et de différentes protéines formant une sorte de réseau de mailles et fonctionnant comme une éponge qui s'imprègne du liquide synovial. C'est ce qui va assurer son élasticité et le mouvement articulaire. Il contient également des cellules spécialisées dans la synthèse du cartilage, les chondrocytes. Ces dernières assurent le renouvellement du cartilage.
Qu'est-ce qui provoque une arthrose ?
Avec l'âge ou suite à une sollicitation répétée due au sport, à un traumatisme ou à une maladie congénitale, le cartilage peut s'user progressivement. À la longue, il s'amincit, se fissure puis finit par disparaître et laisse les os en contact direct. En plus de la destruction du cartilage, d'autres mécanismes sont en cause : des phénomènes inflammatoires dans la membrane synoviale ainsi qu'un remaniement de l'os situé juste en dessous. les os de l''articulation se déforment, des excroissances apparaissent, les fameux becs de perroquet. L'articulation gonfle et les mouvements deviennent de plus en plus douloureux. A terme, elle peut se déformer.
Comment évolue l'arthrose ?
L'intensité des douleurs n'est pas corrélée à la sévérité des lésions observées sur les examens complémentaires. L'évolution de l'arthrose est imprévisible, se succèdent des moments où la douleur et la gène sont modérées (phase chronique) et des crises douloureuses aigues, où la douleur est intense, avec une inflammation de l'articulation. Elle est aussi très variable d'un individu à l'autre, évoluant avec rapidité chez l'un et très lentement chez l'autre.
Certains facteurs de risque favorisent sa survenue : l'âge, le sexe féminin, l'hérédité dans l'arthrose de la main et du genou, certaines malformations, l'obésité, certaines activités professionnelles avec le port de charges lourdes ou de flexions répétées, les activités sportives intenses (par le biais des traumatismes et du surmenage), les traumatismes articulaires.
Les traitements de l'arthrose
Dos, mains et jambes en première ligne. La première zone touchée par l'arthrose est la colonne vertébrale que ce soit au niveau des cervicales ou des lombaires (dans plus de 70 % des cas, chez les personnes ayant entre 65 et 75 ans), puis les mains (60 %), le genou (30 %), les hanches (10 %) et enfin les pieds.
L'arthrose évolue par poussées qui gonflent brutalement l'articulation et la rendent très douloureuse.
La prise en charge anti-douleurs dans l'arthrose
En premier lieu, le médecin prescrit un médicament, un antalgique comme le paracétamol notamment. Eventuellement, un anti-inflammatoire peut être durant les crises douloureuses aigues (en patch ou gel sur la zone douloureuse, ou en comprimés), mais à la dose minimale et sur une courte période pour éviter les effets indésirables. Les comprimés sont donc prescrits sur une courte durée, idéalement inférieure à 10 jours. Du fait du risque de toxicité des anti-inflammatoires sur l'estomac, la prise de comprimés peut être associée à un protecteur gastrique (inhibiteur de la pompe à protons), notamment chez les personnes âgées. Les formes par patch ou gel n'ont pas les effets secondaires digestifs des comprimés.
D'autres médicaments plus forts peuvent également être prescrits en cas de douleurs intenses, comme le tramadol, le paracétamol codéïné ou associé à la caféine et/ou l'opium. Ils peuvent être mal tolérés.
Les "anti-arthrosiques d'action lente", comme le chondroïtine sulfate ou la glucosamine, sont des médicaments prescrits pour ralentir la progression de l'arthrose notamment dans l'arthrose des hanches et des genoux. Ils ne sont plus pris en charge par l'assurance-maladie, leur efficacité ayant été remise en question et jugée insuffisante. La diacérine est quant à elle réservée aux moins de 65 ans, à la dose minimale possible et avec une surveillance du foie (prise de sang dosant les enzymes hépatiques).
Les inflitrations : corticoïde ou acide hyaluronique
Si les médicaments ne sont pas suffisamment efficaces pour soulager la douleur, le patient peut avoir une infiltration de corticoïde directement au niveau de la zone douloureuse (l'infiltration se fait sous contrôle d'une échographie ou scanner). L'effet sur la douleur survient au bout de quelques heures à quelques jours, parfois plus en fonction de la molécule injectée. L'efficacité est variable d'un patient à l'autre. Ces infltrations sont limitées à 3 par an et par zone.
Autre solution, l'injection d'acide hyaluronique dans l'articulation, reconstitution synthétique d'un composant naturellement produit par l'organisme pour "huiler" les articulations". C'est ce que l'on appelle la "viscosupplémentation" et elle sert à diminuer la douleur mais aussi à faciliter le fonctionnement de l'articulation. Leur effet est moins rapide que les infiltrations de corticoïde mais dure plus longtemps, parfois jusqu'à 8 mois. Le traitement peut être renouvelé. Il est parfois nécessaire d'avoir une deuxième infiltration à 1 ou plusieurs semaines d'intervalle pour majorer les effets et les injections sont limitées à 3 par an.
Enfin, le lavage articulaire n'est plus recommandé.
Les mesures non médicamenteuse
Outre les médicaments et les injections, l'autre prise en charge indiquée pour l'arthrose est la kinésithérapie. Le travail manuel permet de conserver une bonne mobilité des articulations, de renforcer certains muscles (par exemple le quadriceps, le muscle de la cuisse, dans l'arthrose du genou) et d'en étirer d'autres (à l'arrière de la cuisse dans ce même cas). La kinésitéhrapie sert au final à stabiliserer l'articulation et à limiterer les déformations. Les massages, l'application de chaleur sur les zones douloureuses, diminuent les zones douloureuses. Maintenir une activité physique réguli!re est indispensable durant les phases de rémission, en revanche le repos est préférable durant les crises douloureuses aigues. L'activité physique adaptée peut être prescrite par le généraliste, en précisant les objectifs (renforcement musculaire, travail sur l'amplitude articulaire, etc).
D'autre part, il est recommandé de perdre du poids en cas de surpoids, de se munir de semelles orthopédiques en cas d'arthrose du genou ou d'orthèses nocturnes pour soulager l'articulation, d'adaptater son environnement (ustensiles adaptés en cas d'arthose de main, barres dans la baignoire et les toilettes) et d'utiliser une canne, à utiliser du côté opposé au coté malade, en cas de gène à la marche. Une cure thermale peut également avoir un effet, notamment dans l'arthrose du genou.
De l'acide hyaluronique contre l'arthrose
Pour soulager des douleurs articulaires résistantes, on peut maintenant injecter de l'acide hyaluronique, aux effets anti-inflammatoires, antalgiques et protecteurs. Ce produit visqueux, qui est extrait de la crête de coq, redonne de l'élasticité aux cartilages et réduit les douleurs.
Une mise au repos de l'articulation où l'infiltration a été faite est conseillée durant 24 heures. On limite à 3 injections par an, avec au minimum une semaine d'écart entre deux.
Faire une injection dans le genou est très facile, mais quand il s'agit de la hanche il faut faire l'intervention sous radioscopie, avec une anesthésie locale. Selon les patients l'effet du produit durera plus ou moins longtemps.
Ces infltrations sont limitées à trois par an et par zone.
Où en est la recherche sur l'arthrose ?
Jusqu'à très récemment, l'arthrose était considérée comme une maladie irréversible. Mais de nouveaux traitements ont émergé, et sont testés avec plus ou moins de succès. Les anticorps anti-NGF ont été abandonnés du fait d'une balance bénéfices-risques défavorable. La sprifermine et le tanézumab ont déçu également. Mais les chercheurs ont des pistes prometteuses. Le lorecivivent, en injection dans le genou, est encoure en cours de test. Un implant intelligent, constitué d'un pansement thérapeutique et d'un compartiment de cellules souches, est étudié également. Les procédés chirurgicaux s'améliorent également.
Un essai sur la stimulation du nerf vague devrait révéler ses résultats fin 2022. Quant à la thérapie à base de cellules souches. En France, un essai, baptisé ADIPOA, a lieu au CHU de Montpellier. Son efficacité est pour le moment modeste, avec une diminution de 30% de la douleur et une légère amélioration de la fonction du genou.
A lire : Quelle recherche dans l'arthrose ?
Prothèse : le bon moment pour se faire opérer
Chirurgie : pas de précipitation. Qu'il s'agisse d'une prothèse du genou, de l'épaule (on parle d'omarthrose) ou de la hanche, l'indication de chirurgie dépend de la façon dont se manifeste l'arthrose. Une consultation avec un rhumatologue détermine si la prothèse est la bonne solution.
En tête des articulations confiées aux chirurgien, la hanche, avec plus de 140.000 prothèses de hanche posées chaque année, vient ensuite le genou qui représente lui plus de 40.000 prothèses annuelles. C'est l'ultime solution, quand l'articulation est trop abîmée pour fonctionner sans générer handicap.
Il faut y recourir à la fois assez tôt pour éviter une perte de mobilité particulièrement difficile à retrouver après... mais pas trop tôt : la durée de vie d'une prothèse est encore limitée (usure, descellement). Un bon chirurgien commencera donc par suggérer d'essayer de se calmer un peu côté trekking par exemple pour voir si cela suffit à calmer les douleur et ainsi gagner quelques années avant la prothèse.
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