Quand les pieds font souffrir
Etranglés dans des chaussettes, étouffés par des matières synthétiques, engoncés dans des escarpins trop serrés, nos pieds sont souvent maltraités et nous font mal. À la longue, ils finissent par s'abîmer et présenter des cors, durillons ou encore des ongles incarnés.
On ne les ménage pas ! Entre les kilomètres parcourus, le poids de notre corps à supporter et parfois l'inconfort des chaussures... nos pieds en voient de toutes les couleurs et souffrent de nombreux maux : cors, oignons, durillons, orteils en griffe ou encore ongles incarnés...
Le pied est formé de 26 os, tels que l'astragale ou le calcanéum (talon du pied). Devant, il y a les os du tarse et du métatarse, puis les phalanges qui forment les doigts de pied. Ces différents os sont maintenus par 107 ligaments, ainsi que par de nombreux tendons et muscles qui permettent les différents mouvements. Le pied est également parcouru par une multitude de vaisseaux sanguins et de nerfs. L'ensemble est recouvert d'une couche protectrice : la peau.
Quand on regarde de plus près la voûte plantaire, on remarque qu'au niveau du talon et à l'avant du pied, la peau est plus épaisse que celle qui recouvre le reste du corps, notamment au niveau de l'épiderme. Elle renferme différents récepteurs sensibles à la pression au niveau des points d'appui, ce qui peut expliquer certaines douleurs, comme celles qui peuvent être dues à la présence de cors. La peau s'épaissit, se soulève pour former une callosité douloureuse qui gêne la marche. Ces cors peuvent aussi apparaître au niveau des orteils.
Enfin, nos pauvres orteils sont parfois déformés. L'orteil en marteau ou en griffe est bloqué en position recroquevillée, impossible de le détendre et cela peut être très douloureux... Mieux vaut donc prendre les devants !
Les ongles incarnés
Dans le registre des problèmes de pieds, il y a bien sur l'ongle incarné. Huit fois sur dix c'est à cause d'une mauvaise coupe de l'ongle.
Un ongle s'incarne lorsqu'un de ses coins supérieurs s'enfonce dans la chair qui l'entoure. Cette pression de l'ongle sur la chair provoque douleur, rougeur, gonflement, et parfois une coupure de la peau. Dans la grande majorité des cas, l'ongle incarné se situe sur le gros orteil du pied, et au niveau du bord latéral de l'ongle.
Il existe plusieurs stades d'évolution, de la simple gêne à l'infection extrêmement douloureuse, qui peut s'étendre jusqu'à l'articulation. Au début de l'infection, de simples conseils suffisent en l'absence de diabète, autre facteur de risque : utiliser un antiseptique local, faire un bain de pieds dans de l'eau chaude 3 fois par jour, mettre une fine mèche de coton entre l'ongle et la partie enflammée, laisser le pied à l'air libre fréquemment.
Si les conseils pratiques ne suffisent pas à améliorer la situation au bout de 2 jours, si vous avez de la fièvre, avez un diabète, une maladie neurologique, une artérite des membres inférieurs, une maladie des valvers cardiaques ou du système immunitaire, consultez votre médecin traitant. Un ongle incarné négligé et non traité peut évoluer vers une forme plus grave, très douloureuse. La solution est alors chirurgicale.
Cors au pied, durillons et autres callosités
Parmi les problèmes de pieds, il y a les cors. Les cors sont des épaississements de la peau au niveau des zones de frottements des orteils. Il est déconseillé d'essayer de les enlever soi-même. Mieux vaut confier ce travail délicat à un pédicure-podologue.
Les callosités sont des épaississements de la peau au niveau des zones d'appui des plantes.
Les durillons surviennent souvent sur les callosités. Ce sont des zones ponctuelles très dures enchâssées dans la peau, formant de véritables clous de kératine dans la plante, souvent très douloureux. II s'agit d'un épaississement cutané localisé, qui forme une sorte de cône jaunâtre, lié à des frottements répétés. La peau s'épaissit pour protéger les tissus sous-jacents qui, sinon, pourraient se trouver abîmés par les frottements. On le trouve sur le dos des orteils ou sur la plante des pieds.
Il est conseillé de poncer les pieds pour éliminer les peaux mortes, d'appliquer de la crème hydratante après avoir fait tremper ses pieds dans de l'eau chaude, et l'on peut utiliser des médicaments appelés kératolytiques ou coricides. Ils sont déconseillés en cas de diabète, artériopathie des membres inférieurs, maladie de peau.
Parfois, les cors et les callosités sont très incommodants au point de contrarier la marche, mieux vaut alors consulter un spécialiste qui se chargera de l'enlever.
L'épine calcanéenne
Une douleur très vive au niveau du talon et des difficultés à la marche doivent pousser à consulter car parmi les nombreuses pathologies du pied, on trouve la fameuse épine calcanéenne. Une excroissance osseuse, sur l'os calcanéum, qui provoque une inflammation au niveau de l'aponévrose plantaire, une mambrane qui relie les os du pied aux orteils. C'est notamment le cas lorsque l'on marche ou court trop, que l'on porte ds chaussures non adaptées à la forme de ses pieds (plats ou creux par exemple.
L'épine calcanéenne se situe au niveau du calcanéum, l'os du talon et est favorisée par le piétinement ou la pratique intensive d'un sport. Si dans un premier temps, le port de semelle peut atténuer le problème, il faut parfois aller plus loin pour la traiter. La kinésithérapie peut être prescrite pour assouplir l'aponévrose trop rigide. On peut notamment avoir recours aux infiltrations.
Avant de réaliser les infiltrations, le médecin doit préalablement localiser précisément le siège de la douleur. L'infiltration se fait sous contrôle radioscopique. Le patient inhale un gaz pour mieux supporter l'intervention et le médecin injecte un anesthésiant. Il effectue ensuite les infiltrations en contrôlant le positionnement de l'aiguille sur la radio.
L'objectif des infiltrations est de diffuser de la cortisone, un agent anti-inflammatoire, au contact de l'épine calcanéenne mais sans léser le tendon pour ne pas altérer la marche du patient. L'anti-inflammatoire n'agit qu'au bout de trois jours mais soulage durablement les patients. Ce n'est qu'en cas d'échec de ce traitement qu'une chirurgie sera indiquée pour réséquer l'épine douloureuse.
Les verrues plantaires
La verrue est une pathologie du pied, moins grave, mais qui peut quand même nous empoisonner la vie.
Il existe différents types de verrues. Et nous ne sommes pas tous égaux face à elles. Certaines personnes n'en ont jamais eu ou les verrues disparaissent d'elles-mêmes dans les 2 ans, quand d'autres les collectionnent et n'arrivent pas à s'en débarrasser.
Les traitements font appel à l'azote liquide ou au laser, sans compter les nombreux remèdes de grand-mère inefficaces.
L'hallux valgus
Tongs, baskets, sandalettes ou talons aiguilles… nos pieds sont chaussés selon nos envies mais pas toujours pour leur confort. Au final, ce sont des ampoules ou encore des cors aux pieds.
Communément appelé "oignon", l'hallux valgus est une déformation des os du pied qui entraîne l'apparition d'une bosse à la base du gros orteil. Une bosse qui peut grossir à tel point que se chausser devient quasiment impossible, et la position debout entraîner des douleurs parfois très violentes. L'hallus valgus touche davantage les femmes, notamment après la ménopause qui favorise le relâchement des structures fibreuses. Autre facteur de risque : un parent qui a un hallus valgus.
L'hallux valgus du pied est certes disgracieux mais il peut surtout devenir très douloureux. Quand l'hallux valgus n'est pas trop handicapant, d'autres solutions que la chirurgie sont proposées au patient. Des traitements podologiques peuvent parfois être envisagés comme la mise en place de semelles et des exercices d'auto-rééducation qui peuvent permettre de ralentir l'évolution potentielle et retarder une éventuelle opération.
Pour savoir quelle orthèse est la plus adaptée au patient, le podologue réalise une série d'examens. En plus d'un examen clinique, le podologue utilise les dernières technologies. Les pressions d'appui du patient sont mesurées en mouvement à l'aide d'une plateforme reliée à un ordinateur. Répartition des pressions, déplacement du centre de gravité… l'examen permet d'obtenir des informations sur la stabilité du pas. Enfin, à l'aide d'une caméra spéciale, le podologue enregistre en 3D le pied. Les films permettent de suivre l'évolution de l'hallux valgus dans le temps. La consultation avec le podologue se termine avec la prise d'empreinte des pieds. Quelques semaines plus tard, le patient récupère ses semelles.
L'orthèse de nuit permettant de repositionner l'orteil dans le bon axe, est également indiquée pour freiner la déformation.
Lorsque la douleur est trop importante une solution existe pour la soulager : la chirurgie qui consiste à remettre le pied dans le bon axe. L'intervention peut se faire sous anesthésie locale et en ambulatoire. Différentes techniques existent en fonction de la gravité et des lésions associées (orteils en griffe par exemple).
La talalgie
La talalgie est une douleur au talon, qui se manifeste souvent pendant la marche ou les activités sportives. En cas de douleurs au talon, on conseille d'adapter ses chaussures et de porter des semelles orthopédiques. Mais quand cela ne suffit pas, il faut envisager des infiltrations.
L'orteil en griffe
Avec des orteils en forme de griffes, se chausser peut devenir un cauchemar... sans parler de l'esthétique ! Les orteils en griffes sont généralement des déformations légères mais qui s'aggravent progressivement au fil du temps.
Si malgré le port des semelles et le suivi par un podologue, la déformation des orteils ne s'améliore pas, le passage par la chirurgie est nécessaire. Le chirurgien adapte alors son geste au cas de chaque patient.
Prévenir les pathologies de la marche
Un soin complet des pieds chez le pédicure-podologue permet de prévenir les risques d'ongles incarnés, de cors et garantit une bonne hygiène pour la marche. Et quand on est un grand marcheur, adepte de randonnées, ce soin préventif est d'autant plus important.
Pour les marcheurs, le premier écueil à éviter est l'ongle incarné. "L'ongle incarné, c'est comme si on avait une épingle rentrée dans la chair. Et au delà du fait qu'il est très douloureux, il peut s'infecter si on ne le soigne pas, si on n'enlève pas l'épine. Un marcheur qui a un ongle incarné est obligé de s'arrêter de marcher", explique Pascaline Armand, pédicure-podologue.
En matière d'ongle, le marcheur n'est pas au bout de ses peines. Une coupe trop longue peut également provoquer des douleurs : "Quand l'ongle vient taper au bout, s'il est trop long, il va faire du mal à la base de l'ongle et on va se retrouver avec des bleus. Pour la marche, il est donc conseillé de porter des petits capuchons avec un peu de silicone que l'on trouve en pharmacies pour éviter les chocs", souligne Pascaline Armand. En prévention, la pédicure-podologue s'occupe également de la corne des pieds pour éviter la formation de cors très douloureux durant la marche.
Pour prévenir les douleurs aux pieds, la pédicure-podologue peut proposer aux grands marcheurs des semelles sur mesure : "Quand on regarde la marche des patients, on regarde la hauteur des épaules, l'orientation du bassin, l'orientation des pieds, le talon... C'est une observation globale", note Pascaline Armand. La pédicure-podologue observe également la voûte plantaire du patient. Ces observations permettent de réaliser une semelle sur mesure.
Pour les grands marcheurs, il est conseillé de réaliser un soin pédicure une dizaine de jours avant un grand événement pour laisser aux chairs le temps de cicatriser.
En savoir plus
Sur Allodocteurs.fr
· Névrome de Morton : le mal des pieds comprimés
· Pieds : que faire en cas de douleurs à l'appui ?
· Épine calcanéenne : quand le talon fait mal
· Pied grec : comment soulager les douleurs ?
· Maladie de Sever : une croissance sur la pointe des pieds
· Hallux valgus: tout savoir sur cette déformation du pied
Ailleurs sur le web
· Société française de Médecine et Chirurgie du pied
· Ameli.fr