Lumières LED : attention les yeux... et le sommeil !
Dans une nouvelle expertise, l’Anses confirme la toxicité de la lumière bleue sur la rétine. Elle met aussi en avant les effets nocifs sur les rythmes biologiques et le sommeil.
Ils ont le vent en poupe. Dans un contexte de politiques d’économie d’énergie et de disparition progressive des lampes traditionnelles (lampes à incandescence et lampes halogènes classiques), le marché des objets LED (diodes électroluminescentes), qui coûtent peu chers et proposent de bonnes performances énergétiques, est en plein boom.
Eclairage domestique et extérieur, lampes torches, phares automobiles, mais aussi écrans de téléphones portables, tablettes et ordinateurs... En quelques décennies, notre exposition à la lumière bleue a fortement augmenté.
Problème : ce type d’éclairage, de par ses spécificités technologiques, peut avoir des conséquences sur notre santé. Les LED émettent en effet une lumière riche en courtes longueurs d’onde, dite "riche en bleu", et un éclairage plus intense que d’autres sources lumineuses.
L’ANSES publie une mise à jour de sa précédente expertise sur les effets sanitaires des LED, qui datait de 2010.
De nouveaux effets de la lumière bleue des LED mis en évidence
En 9 ans, les connaissances scientifiques sur les lumières LED se sont enrichies. Les nouvelles études confirment les données sur la toxicité de la lumière bleue pour l’œil qui peut conduire à une baisse de la vue. Deux sortes d’effets peuvent nuire à nos yeux. Il y a d’abord les effets dits "phototoxiques à court terme", liés à une exposition aiguë , et des effets à long terme liés à une exposition chronique. Ces derniers qui augmentent le risque de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
L’exposition à la lumière bleue le soir ou la nuit, même minime, perturbe les rythmes biologiques et donc le sommeil. L’Anses rappelle que les écrans notamment d’ordinateurs, de smartphones et de tablettes constituent des sources importantes de lumière riche en bleu.
Limiter l’usage des dispositifs à LED, notamment pour les enfants
Si l’exposition aux objets LED est potentiellement dommageable pour tous, les enfants et adolescents, dont les yeux ne filtrent pas pleinement la lumière bleue, constituent une population particulièrement sensible.
Les nouveaux travaux montrent également qu’une forte proportion de lampes à LED présente des variations importantes de l’intensité lumineuse. Et pour cette raison aussi les enfants et les adolescents sont plus fragiles. "lls pourraient être plus sensibles aux effets potentiels induits par cette modulation de la lumière que sont les maux de tête, fatigue visuelle, ou le risque d’accident", souligne l’Anses dans un communiqué.
Afin de limiter en pratique l’exposition de la population à la lumière riche en bleu, l’Anses recommande de faire évoluer le cadre réglementaire s’appliquant à tous les systèmes à LED. Mais elle émet aussi une série de recommandations simple à destination du grand public :
- Diminuer autant que possible la pollution lumineuse pour préserver l’environnement
- Privilégier des éclairages domestiques de type "blanc chaud" (température de couleur inférieure à 3 000 K). Les éclairages domestiques à LED de type "blanc chaud" ne se distinguent pas des éclairages traditionnels et présentent un faible risque de phototoxicité.
- Limiter son exposition, et celle des enfants en particulier, à la lumière riche en bleu des écrans à LED (téléphones mobiles, tablettes, ordinateurs, …) avant le coucher et pendant la nuit.
Quid de lunettes de protection ?
Concernant les moyens de protection disponibles pour le grand public tels que les verres traités, les lunettes de protection ou les écrans spécifiques, l’Agence souligne que leur efficacité contre les effets sur la rétine de la lumière bleue est très variable. Par ailleurs, leur efficacité pour la préservation des rythmes circadiens n’est pas prouvée aujourd’hui. L’Anses encourage l’établissement de normes définissant les critères de performance des équipements de protection vis-à-vis de la lumière bleue.