Peut-on visualiser la douleur ?
Aux Etats-Unis, certaines sociétés proposent une IRM fonctionnelle pour visualiser la douleur à des patients souhaitant faire valoir la réalité de leur douleur à la suite d'un accident et obtenir ainsi une indemnisation. Pourtant "voir" la douleur n'est pas aisé. De nombreux chercheurs français et internationaux travaillent sur cette thématique depuis une trentaine d'années. Alors comment mesure-t-on la douleur, peut-on la voir sur des images médicales... Une équipe de chercheurs lyonnais s'est penchée sur ces questions.
Dire qu'on a mal, où et de quelle manière… Ce n'est pas toujours évident surtout quand on ne sait pas mettre des mots sur sa douleur. Mieux comprendre les mécanismes de la douleur, c'est ce à quoi s'affairent de nombreux chercheurs grâce à l'imagerie fonctionnelle du cerveau de personnes à qui on applique des stimulations douloureuses par exemple.
"On peut voir des régions dans le cerveau qui s'activent lorsqu'on est en train de percevoir une douleur. Il y a des régions qui de façon quasi-systématique entrent en action lorsque l'on est en train de percevoir une stimulation que l'on considère comme douloureuse", explique le Dr Luis Garcia-Larrea, neurophysiologiste.
Si le centre de recherche sur la douleur de l'hôpital Pierre Wertheimer à Lyon utilise régulièrement des IRM. C'est une autre approche qu'il privilégie aujourd'hui : des enregistrements électro-physiologiques. En d'autres termes, les chercheurs étudient les réactions à la douleur des volontaires grâce à une série de capteurs. Transpiration, rythme cardiaque, pression artérielle… autant de marqueurs qui interviennent dans l'expression de la douleur.
"L'intérêt de ce projet de recherche, c'est de développer des marqueurs de la perception douloureuse. Non pas pour les appliquer chez des patients qui vont se plaindre de lombalgies et qui sont capables de communiquer, mais plus pour des patients qui ne peuvent pas communiquer ou mal communiquer comme les enfants qui ne verbalisent pas encore, les patients âgés qui vont parfois souffrir de démence, les personnes qui vont être dans le coma, dans des états végétatifs ou encore en chirurgie", précise Florian Chouchou, post-doctorant en neurosciences.
Les résultats de toutes ces recherches permettent d'ouvrir de nouvelles portes comme le confie le Dr Garcia-Larrea : "On a d'abord compris qu'il n'y avait pas un centre de la douleur, on a compris que c'était distribué. Maintenant on est en train de commencer à comprendre que cette distribution a un certain ordre, que certaines régions du cerveau s'occupent de certains aspects de la douleur. Donc on sait maintenant qu'en stimulant certaines régions du cerveau, on peut atténuer certaines composantes de la douleur".
Les premiers travaux sur la visualisation de la douleur remontent aux années 90. Mais même si les outils ont permis à la recherche d'avancer, chaque personne reste unique et son ressenti de la douleur l'est également.