JO Paris 2024 : pourra-t-on se baigner dans la Seine ?
Piquer une tête dans la Seine sera bientôt possible. Même si la mauvaise image du fleuve persiste, les dernières analyses de la qualité de l’eau sont plus encourageantes. Reportage.
"On dit que par centaines de milliers les Parisiens ont déserté la capitale et que Paris l'été est une ville étrangère… C'est possible mais il y a ceux qui restent, et pour cela les plages de la Seine et de la Marne s'efforcent de valoir les délices de Biarritz ou d’Eden roc".
Le plaisir était quotidien pour ces baigneurs parisiens, adeptes des premiers Paris-Plage, grâce à une brasse coulée ou un dos crawlé en bord de Seine. Cette pratique, bien qu’interdite en 1923, disparaît à partir des années 1960 avec la dégradation de la qualité de l’eau.
Trois épreuves des JO dans la Seine
Aujourd’hui, le vieux rêve parisien serait en passe de redevenir réalité. À l’occasion des Jeux Olympiques d'été 2024, la mairie de Paris promet l’assainissement du fleuve afin d’y organiser trois épreuves aquatiques.
Comme au pied de la Tour Eiffel, où auront lieu le triathlon et le 10 km nage libre."Un échantillonnage de la Seine est fait ici en surface selon la réglementation et les normes. On prélève à 30 cm de profondeur, c'est l'enfoncement dans lequel un nageur va pouvoir éventuellement rentrer la tête dans l'eau", explique Françoise Lucas, microbiologiste de l'environnement.
Deux bactéries d'origine fécale dans la Seine
Avec ce prélèvement, cette microbiologiste va mesurer la présence de deux bactéries : Escherichia coli et les Entérocoques. Ces bactéries, d’origine fécales et présentes dans les eaux usées des Parisiens, se déversent ensuite dans la Seine. Pour l’instant, les résultats sont encourageants, mais ne respectent pas encore les seuils exigés par les autorités sanitaires.
"Sur le site de Iéna, la qualité microbiologique est quasiment au seuil suffisant. Elle se dégrade par contre en temps de pluie et ce sont essentiellement ces dégradations qui posent problème. En temps sec, elle peut être en dessous de ce seuil et être baignable", poursuit Françoise Lucas.
Bientôt une vingtaine de zones de baignade
Au-delà des JO, l’objectif de la ville est d’ouvrir quatre zones de baignades à Paris, et une vingtaine en Île-de-France. Pour dépolluer la Seine, les collectivités ont investi un milliard d’euros dans un"plan baignade" de grande ampleur.
"Nous faisons tout pour et qu'à partir de 2024, la baignade soit autorisée et libre dans la Seine, pour éviter et diminuer tous les déversements ou les points de passage qui peuvent exister entre les eaux usées, les égouts, pour la Seine et la Marne", confie Colombe Brossel, adjointe à la mairie de Paris, en charge de la propreté et de la réduction des déchets.
Gastro-entérites, dysenteries...
Il reste pour le moment un défi de taille : encore 35 000 évacuations d’eaux sales, d’habitations parisiennes comme des bateaux se déversent dans la Seine, et non dans les égouts. Ce sont autant de sources de pollution qui remettent en cause l’analyse menée uniquement sur la recherche des bactéries Escherichia coli et Entérocoques.
"On suit ces bactéries parce que ce sont les normes européennes. Il y en a beaucoup d'autres qu'il faudrait suivre comme les Campylobacter, Helicobacter pylori, les Legionella. Vous avez à côté de ces bactéries, plein d'autres virus, entérites, entérocoques, des Protozoaires comme les Giardia qui peuvent provoquer des dysenteries. Il faudrait pouvoir les suivre de manière plus approfondie", précise Michel Riollol, président d'honneur de France Nature Environnement Île-de-France.
Les pouvoirs publics mettent les moyens pour rendre la Seine baignable pour tous. Aujourd’hui, les dernières analyses sont encourageantes. Rendez-vous en 2025 pour savoir si le pari est gagné.