La cigarette électronique, bientôt prescrite au Royaume-Uni ?
Fin octobre, le gouvernement britannique a modifié le processus d'approbation des produits de santé, ce qui pourrait faire du Royaume-Uni le premier pays à prescrire la cigarette électronique comme dispositif médical. Une perspective loin de faire l'unanimité.
Une réglementation floue, au cas par cas dans chaque pays. Fin juillet, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre la cigarette électronique et appelé à une meilleure réglementation.
Actuellement, 32 pays interdisent la vente de ces inhalateurs électroniques de nicotine et 79 ont adopté au moins une mesure pour en limiter l'usage, comme l'interdiction de la publicité. En revanche, 84 pays n'ont pas de garde-fous contre leur prolifération.
A lire aussi : Que peut-on dire sur la cigarette électronique ?
Au Royaume-Uni, la e-cigarette sur ordonnance
Au Royaume-Uni, les fabricants pouvaient déjà "en théorie"
demander une telle classification en dispositif médical, souligne Linda Bauld, professeure de santé publique à l'université d'Edimbourg, "mais ça ne s'est pas produit ". En cause, la complexité et le coût de la procédure, qui ont conduit le ministère de la Santé britannique à apporter des modifications pour "activement encourager" les industriels.
Le ministère de la Santé admet que les cigarettes électroniques "contiennent de la nicotine et ne sont pas sans risque", en s’appuyant sur des études britanniques et américaines, mais souligne qu'elles sont moins nocives que le tabac.
Rendre la cigarette électronique accessible
Selon Linda Bauld, 30% des fumeurs n'ont pas essayé de passer à la cigarette électronique : "Quand vous leur demandez pourquoi, leur principale préoccupation est autour de la sécurité " Ainsi, un dispositif médicalement approuvé serait de nature à rassurer. Voire même un peu trop ? "C'est un argument possible, ça pourrait être une préoccupation", admet-elle.
Un autre facteur dissuasif, est le prix de la vapoteuse, de 50 à 60 livres sterling (58 à 70 euros). Prescrit par le service public de santé, le NHS, le dispositif deviendrait alors nettement plus accessible. "La cigarette électronique médicalement prescrite pourrait ainsi contribuer à réduire les inégalités sanitaires " souligne-t-elle.
Les experts anglais divisés
Le Pr Peter Hajek, de la Queen Mary University de Londres, voit globalement dans l'annonce gouvernementale une "bonne nouvelle" et souligne qu'une "bonne proportion de fumeurs qui commencent à utiliser des cigarettes électroniques arrêtent complètement de fumer ». "Pas de doute", soutient-il, que passer du tabac à la vapoteuse permet d'éviter "presque tous les risques".
La situation est loin d'être si claire, estime quant à lui le Pr Jonathan Grigg, président de l'European respiratory society. "Les effets à long terme sont inconnus". La vapoteuse prescrite ne devrait intervenir qu'en "dernier ressort", souligne-t-il. Pour lui, "c'est une expérimentation dangereuse".
Martin McKee, professeur de Santé publique à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, serait "surpris" que l'assouplissement des critères d'approbation change la donne. Toute prescription d'une cigarette électronique devrait selon lui s'inscrire dans le cadre d'un suivi comportemental sur plusieurs semaines, "C'est la seule manière dont il a été montré que ça fonctionnait lors d’essais".
A Lire aussi : Le Vrai du Faux : La cigarette électronique est-elle dangereuse ?
Et en France ?
En France, en 2020, 25,5% des adultes déclaraient fumer quotidiennement. La cigarette électronique reste un des principal moyen pour les fumeurs de se détacher de la cigarette traditionnelle. Même si sa prescription est loin d'être autorisée, certains médecins recommandent déjà les cigarettes électroniques comme outil de sevrage.
A lire aussi : Sevrage tabagique : les méthodes pour arrêter de fumer