Le bilan de fertilité, véritable solution pour "réarmer" la démographie de la France ?
Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé que le gouvernement envisageait la piste du "bilan de fertilité" dans le cadre de son plan de "réarmement démographique". On vous explique de quoi il s’agit.
Et si le "réarmement démographique" de la France passait par un "bilan de fertilité" des Françaises et Français ? C’est en tout cas ce qu'envisagent Emmanuel Macron et le gouvernement de son Premier ministre Gabriel Attal pour faire face à l’infertilité croissante de la population française.
Pour mener à bien ce combat pour "booster" la fertilité des couples français, la présidence de la République envisage de lancer un "grand plan infertilité" placé sous l’égide de la secrétaire générale adjointe de l’Élysée, selon les informations de la Tribune du dimanche.
Examen gynécologique et spermogramme
Un des aspects proposé par le gouvernement consiste en la création d’un bilan de fertilité, précise le journal. Il serait composé d’un examen gynécologique pour les femmes et d’un spermogramme pour les hommes, réalisés à 25 ans et pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Pourquoi 25 ans ? Car le pic de fertilité démarre à cet âge pour les femmes, et se prolonge jusqu’à 34 ans, souligne Ameli.fr, la plateforme de Santé publique France.
Questionnée à ce sujet dans l’émission Questions politiques sur France Inter, ce dimanche 21 janvier, Aurore Bergé, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a confirmé cette information. "C’est une piste qui est portée par l’Elysée", a-t-elle souligné. "Je trouve que c’est une bonne piste."
Cette volonté de "réarmement démographique" de la part du gouvernement, la ministre l’explique avant tout par la baisse de la fertilité. "L’infertilité c’est d’abord un drame absolu pour des hommes et des femmes qui essayent d’avoir un enfant et qui n’y arrivent pas", a insisté Aurore Bergé. "Ce n’est pas un sujet gadget, un petit sujet."
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"L'État n'a pas à s'immiscer dans la sexualité des gens"
L’infertilité n’est pas un petit sujet certes, mais pour le Dr Guillaume Barucq, médecin généraliste et conseiller municipal à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), c’est un sujet qui a trop longtemps "été mis sous le tapis". Interrogé par Allodocteurs.fr, le soignant souligne que, selon lui, l’exécutif "prend le problème de l’infertilité à l’envers. Il est nécessaire de traiter les causes de la baisse de la fertilité plutôt que d’en faire un bilan, déjà bien tardif."
Le bilan de fertilité est-il un bon moyen pour relancer la natalité en France ? "Ça ne doit absolument pas consister en une priorité pour lutter contre ce problème de santé publique", abonde le Dr Barucq. "L’État n’a pas à s'immiscer dans la sexualité des gens. Il devrait plutôt se pencher sur les véritables causes de l’infertilité en France."
Facteur social et perturbateurs endocriniens
Parmi ces facteurs, le médecin généraliste cite notamment la "surexposition aux perturbateurs endocriniens" : "un fléau qu’il convient de réduire de manière drastique. Nombre d’études soulignent le danger que représentent ces perturbateurs hormonaux sur la fertilité et la santé en règle générale".
Autre principale cause dans le viseur du médecin : le facteur social. "Avoir un enfant aujourd’hui est un véritable parcours du combattant", déplore le Dr Barucq. "Les jeunes couples sont principalement touchés, avec la hausse du coût de la vie et une politique familiale qui peine à s’adapter à leurs besoins, dans le cadre d’un projet de procréation."
D’après les chiffres d'Ameli.fr, le taux de fécondité des femmes poursuit sa chute ces dernières années. "En 2023, 100 femmes âgées de 25 à 29 ans donnent naissance à 9,2 enfants contre 10,0 enfants en 2022, 12,9 enfants en 2010 et 13,4 en 2000", indique le site.