Le microbiote, secret de la longévité des centenaires ?
Avec 30 000 centenaires, la France est championne d’Europe de longévité. Mais comment les centenaires défient-ils les lois du temps ? Et si le microbiote était le secret de leur longévité ? Reportage.
Charlotte a 100 ans. Elle est sans doute la doyenne des yogistes de France. Elle a passé la moitié de sa vie à pratiquer le yoga et à donner des cours.
"Ça étire et ça fait du bien. Ça fait du bien à la tête, au corps. J’espère en faire le plus longtemps possible. Là j’ai plus de 100 ans, et je ne sais pas combien de temps ça va durer ! Mais il faut que je bouge", commente Charlotte Chopin, 100 ans.
Une bonne alimentation et un bon microbiote
Pendant ce siècle de vie Charlotte a toujours mis son corps en mouvement avec du ski, de l'équitation, du tir à l’arc... Beaucoup de sport et une alimentation toujours équilibrée. Au menu du jour, concocté par ses soins : des betteraves rouges, des mandarines, une omelette et puis des carottes et courgettes.
La recette de longévité des centenaires pourrait se loger dans leur intestin et dans une bonne alimentation. C’est le postulat de ces chercheurs, qui analysent le microbiote de quarante centenaires et leur système immunitaire, à travers des prélèvements de selles et de sang.
"Il existe une littérature de plus en plus importante qui a établi le lien entre les personnes qui arrivaient à vivre plus longtemps, donc les centenaires et leur composition en microbiote intestinal. Le microbiote va stimuler le système immunitaire, va le réguler. Ce système immunitaire va vous aider à répondre au stress, infectieux, cancéreux ou autre", explique Benoît Levast, responsable scientifique au laboratoire Bioaster.
Une interaction entre bactéries et système immunitaire
Le microbiote est composé de milliards de bactéries. Parmi elles, certaines familles ont une action bénéfique sur le système immunitaire, elles pourraient expliquer la longévité des centenaires. Pour comprendre le fonctionnement de ces bactéries, les scientifiques cherchent à les isoler à partir d’échantillons de selles.
Une fois identifiées, les bactéries, pleines de promesses, sont déposées sur une plaque, qu’elles vont coloniser. Elles vont se multiplier pour ensuite être analysées, pour mieux comprendre leurs interactions précises avec le système immunitaire.
Vivre le plus longtemps possible en bonne santé
"Cette compréhension du mécanisme va nous permettre demain de valoriser des bactéries X ou Y avec des fonctions immunitaires bien caractérisées. On pourra proposer ces bactéries comme compléments ou traitements à certaines indications médicales", confie Benoît Levast.
L’objectif de ce laboratoire n’est pas de nous faire vivre jusqu’à 100 ans, mais le plus longtemps possible en bonne santé. Il faudra encore plusieurs années avant de bénéficier de ces probiotiques, qui pourraient aider à soigner des maladies inflammatoires.