Le vaccin Gardasil peut-il traiter les verrues résistantes ?
Et s'il était possible de venir à bout des verrues résistantes aux traitements classiques grâce au vaccin contre le papillomavirus ? C’est l’espoir d’un essai clinique mené en ce moment dans plusieurs hôpitaux français.
Aujourd'hui, sa démarche est fluide. Mais depuis 2016, Nicolas souffrait d’une imposante verrue plantaire. Pendant six ans, prendre appui sur son pied gauche était une source de douleur."Ça donne la sensation d'avoir un caillou dans la chaussure en permanence. Quand j'étais pieds nus, dès que je marchais sur du sable, sur une branche, sur un caillou, ce n'était pas soutenable", raconte Nicolas.
Des papillomavirus responsables des verrues
Les traitements en pharmacie étant inefficaces, Nicolas décide alors de consulter. "Je suis allé voir le dermatologue tous les mois pour qu'il nettoie la verrue et qu'il la brûle à l'azote. Elle n'est pas partie du tout et au contraire, elle a continué à grossir et à s'étendre. À la Toussaint 2022, ça c'était vraiment étendu, il y en avait sur toute la zone d'appui du pied. C'était un peu démoralisant", confie Nicolas.
Il y a quelques mois, son dermatologue lui propose alors de participer à un essai clinique à l’hôpital Cochin à Paris. L'objectif de cette étude est de tester l’efficacité d’un vaccin pour traiter les verrues résistantes. Ce vaccin est bien connu, il s’agit du Gardasil, déjà recommandé pour prévenir certaines infections responsables du cancer du col de l’utérus.
Et pour cause :"les verrues sont liées au papillomavirus" explique le Dr Johan Chanal, dermatologue à l'hôpital Cochin. "Le papillomavirus est une grande famille, on a l'impression que certains des papillomavirus des verrues pourraient ressembler à certains papillomavirus du col. On a l'impression aussi que ce vaccin-là pourrait créer une certaine réaction des globules blancs dans la peau pour aller détruire la verrue", poursuit-il.
Eliminer les cellules infectées
Comment le vaccin pourrait-il fonctionner ? Le papillomavirus de la verrue se loge dans la couche basale, la couche la plus profonde de l'épiderme. Les cellules infectées vont ensuite remonter les couches supérieures de la peau pour créer une excroissance à sa surface.
L'une des hypothèses est que le vaccin stimulerait les globules blancs se trouvant dans le derme au contact de la couche basale. Ces globules pourraient reconnaître les cellules infectées par le papillomavirus et les détruire. La verrue disparaîtrait alors.
Un fort effet placebo
Comme beaucoup d’essais cliniques, celui-ci se déroule en double aveugle : la moitié des participants reçoit effectivement le vaccin tandis que l’autre se voit administrer un placebo. Nicolas ne sait pas s’il a reçu le vaccin, mais le résultat sur ces verrues est sans appel.
"Dans les verrues, il y a ce qu'on appelle un effet placebo qui est absolument majeur, c'est-à-dire que les patients, de temps en temps, vont essayer des choses et ça va marcher, on ne sait pas vraiment pourquoi. Est-ce qu'il y a un effet psychologique ? En-tout-cas, on sait que dans les verrues, l'effet placebo est très fort", commente le Dr Johan Chanal.
Nicolas devra revenir dans quatre mois pour recevoir sa dernière injection. Au total, 150 patients devraient participer à cet essai clinique dont les résultats ne seront pas connus avant trois ans.