Les chenilles urticantes sont de retour et elles sont partout
Favorisées par le réchauffement climatique, les chenilles processionnaires ont désormais envahi la quasi-totalité du territoire métropolitain. Cet insecte urticant est devenu un enjeu de santé publique.
Le printemps n’est pas encore arrivé mais les chenilles urticantes ont déjà commencé leur procession. À travers la France, les signalements de présence des chenilles processionnaires du pin et du chêne se multiplient. Or, ces insectes aux poils urticants "sont dangereux pour l’Homme et les animaux domestiques (chiens, chats, etc.)", alerte l'Observatoire des chenilles processionnaires.
Ils peuvent être à l’origine de "réactions graves (respiratoires, cutanées, des muqueuses ou de l’œil)", précise l'Observatoire. "C’est également une menace pour les exploitations forestières (défoliation des espèces présentes en exploitation forestière ou dans les parcelles urbaines)."
Quelle période est la plus à risque ?
Certaines périodes sont plus propices à la propagation des chenilles : entre janvier et avril pour la Processionnaire du pin et d'avril à juillet pour celle du chêne, en fonction des conditions météorologiques. Les températures hivernales de plus en plus douces "favorisent l’éclosion des œufs et la croissance des larves", note l'Agence nationale sécurité sanitaire alimentaire (Anses).
Selon un rapport publié par l'autorité de santé en juin 2020, "il y a eu environ 1 300 cas symptomatiques d’exposition aux chenilles processionnaires enregistrés par les Centre anti-poison (CAP) entre 2012 et 2019". Des chiffres qui ne concernent que les cas remontés aux centres anti-poison, "le nombre réel de personnes touchées est donc probablement beaucoup plus important", précise l'Anses.
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Quels sont les départements les plus touchés ?
Des régions et départements sont également plus à risque que d'autres face à l'invasion des chenilles processionnaires. Cependant, "il n’y a plus aucun département qui échappe à l’une ou l’autre des espèces, quand ce ne sont pas les deux qui sont présentes", prévient l'Anses.
Entre 2007 et 2022, la chenille processionnaire du pin a été particulièrement observée dans la quasi-totalité des départements métropolitains français, selon l'Observatoire des chenilles processionnaires. Seuls quelques départements du Grand Est, de Bourgogne-Franche-Comté et des Hauts-de-France n'ont pas fait état d'au moins une observation de Processionnaire du pin durant cette période. "Cela ne signifie pas que le département n'est pas concerné par la problématique" des chenilles urticantes,
Du côté de la chenille processionnaire du chêne, sa présence est plus disparate sur le territoire. "Ces chenilles se développent, de manière discrète, sur une bonne partie de la France, sauf dans certains départements de la moitié sud", indique l'Observatoire. "Son aire de répartition n’a pas énormément changé ces dernières décennies, mais l’espèce pullule de plus en plus."
Comment se débarasser des chenilles processionnaires ?
Pour détruire leurs nids et venir à bout des chenilles processionnaires, un unique insecticide existe : le BTK. Problème, ce produit nécessite de fermer le site concerné par l'invasion au public pendant un voire plusieurs jours, et est de surcroît très contrôlé car nuisible à d'autres espèces.
En 2022, l'Anses a ajouté la chenille processionnaire du pin, ainsi que celle du chêne, parmi les espèces dont la prolifération a un impact sur la santé humaine. En cause, ses poils extrêmement urticants qui contiennent une protéine toxique.
À la faveur d’un climat plus clément, les chenilles ont progressivement essaimé inexorablement vers le nord, faute d'hivers suffisamment froids pour neutraliser les nids, comme par le passé. "Pour se nourrir, la chenille a besoin d’une température qui est relativement douce", avec un minimum d'"environ 9 °C à l'intérieur du nid en journée et zéro la nuit", explique à l'AFP Alice Samama, de l'Observatoire des espèces à enjeux pour la santé humaine, mis en place en 2021 sous l'égide de plusieurs ministères.
Quels sont les dangers des chenilles processionnaires ?
"On n'est pas obligé de toucher la chenille pour être atteint", indique Alice Samama. "Si elle se sent en danger, elle expulse ses poils, qui sont très volatils et qui peuvent se déposer partout, y compris sur du linge qui sèche". En cas de contact, des symptômes peuvent apparaître comme des plaques de boutons, des conjonctivites ou des problèmes respiratoires, la plupart du temps bénins.
Chez les animaux domestiques, les chiens ont tendance à jouer avec les chenilles en procession. "Ce qui peut amener à une nécrose de la langue et potentiellement à la mort de l’animal", explique Emmanuel Gachet, chef de l’unité expertise sur les risques biologiques à l'Anses. Cette période de procession, normalement en fin d'hiver, est la plus à risque, quand les chenilles descendent des arbres pour se transformer en papillons.