Les compléments alimentaires sont-ils des médicaments ?
Les autorités sanitaires alertent régulièrement sur les effets indésirables liés à la prise de compléments alimentaires. La Dre Diana Kadouch, médecin nutritionniste, nous explique leur risque.
N’en déplaise à Tibo InShape, les compléments alimentaires ne sont pas à prendre à la légère. Autrefois réservés aux athlètes et aux bodybuilders, les compléments alimentaires pour sportifs sont désormais populaires chez de nombreux amateurs. Ils ne sont pourtant pas sans danger.
Cet été, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a alerté le grand public et les professionnels de santé sur les risques causés par l’utilisation de ces produits. Depuis 2016, 154 cas d’effets indésirables ont été déclarés en France, dont deux décès et quatre pronostics vitaux menacés, indique l’autorité sanitaire. Des chiffres importants, qui ne représentent que le sommet de l’iceberg, tant les signalements liés aux compléments alimentaires aux autorités compétentes sont faibles.
Quels sont les compléments alimentaires à éviter ?
Parmi la multitude de compléments alimentaires aux effets variés, trois tirent particulièrement leur épingle du jeu :
- Les compléments alimentaires riches en caféine, souvent vendus comme "brûleur de graisse". L’Anses avait déjà mis en garde contre la prise excessive de caféine, certains compléments allant jusqu'à dépasser les doses recommandées. Avec des conséquences parfois préoccupantes : palpitations, troubles du sommeil ou atteintes cardiaques graves ;
- Les compléments à base de créatine, largement utilisés chez les sportifs pour augmenter la masse musculaire. L’Anses a relevé des cas d’atteintes rénales chez certains utilisateurs, notamment chez ceux qui souffrent de pathologies prédisposantes pouvant entraîner des dysfonctionnements rénaux ;
- Les compléments contenant de la synéphrine, une substance d'origine naturelle notamment présente dans l’écorce d’orange amère, également utilisés comme "brûleurs de graisse". Ils peuvent provoquer une augmentation de la pression artérielle, des arythmies cardiaques ou encore des accidents ischémiques transitoires, des événements qui peuvent être potentiellement mortels.
Les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments !
Autre alerte des autorités sanitaires : les compléments alimentaires peuvent contenir des substances considérées comme dopantes. Des produits présentés comme "naturels " peuvent par exemple contenir des stéroïdes anabolisants, soit des substances synthétiques qui imitent les effets de la testostérone, utilisées pour augmenter la masse musculaire et les performances physiques. Ces hormones sont non seulement dangereuses pour la santé, mais également susceptibles de provoquer des sanctions très lourdes dans le cadre de contrôles antidopage.
Ces dangers ne concernent pas uniquement les sportifs. Entre promesses de perte de poids, de meilleure digestion, de beaux cheveux, de réduction des désagréments liés à la ménopause ou encore de boost d’immunité, les promesses miracles des compléments alimentaires sont nombreuses.
Les compléments alimentaires ne sont toutefois pas des médicaments et ne peuvent donc pas revendiquer d’effet thérapeutique. Les allégations nutritionnelles et de santé, susceptibles d’être indiquées sur les produits, sont d’ailleurs strictement encadrées et limitées par la réglementation européenne.
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Les compléments alimentaires sont-ils utiles ?
En tant que consommateur, le plus sage reste de se passer de ces produits. Évitez également de combiner plusieurs compléments alimentaires, car leurs interactions sont souvent mal étudiées et peuvent conduire à des effets cumulatifs dangereux. Dans certaines situations cliniques bien précises, certains compléments alimentaires peuvent toutefois être prescrits par des professionnels de santé.
Consultez votre médecin traitant avant de débuter la prise de compléments alimentaires. Il saura vous avertir sur les risques potentiels liés à votre état de santé. Enfin, l’Anses rappelle l’importance de signaler tout effet indésirable potentiellement lié à la prise de compléments alimentaires sur la plateforme Nutrivigilance de l’Anses.