Les sages-femmes désormais formées à l'IVG chirurgicale
Depuis mars 2022, une loi a élargi les compétences des sages-femmes en incluant la pratique des avortements chirurgicaux. Reportage dans un des 26 centres en France qui forment les sages-femmes volontaires.
À l’hôpital de Troyes, ce gynécologue-obstétricien se prépare à pratiquer une interruption volontaire de grossesse (IVG) chirurgicale. Dans le bloc, Carine, sage-femme, écoute attentivement. Bientôt, elle pratiquera elle-même cette intervention après plusieurs mois de formation. Les sages-femmes sont en effet autorisées à pratiquer des IVG chirurgicales depuis une loi votée en mars 2022, visant à renforcer l'accès à l'avortement en France.
Une expérimentation dans 26 centres
Aujourd’hui, c’est un cas de figure qu’elle n’a pas encore observé. L’IVG est tardive, à quelques jours de la fin du délai légal."Ce n’est pas un geste anodin. Parfois, on peut avoir des pertes sanguines impressionnantes", explique le Dr Amjad Kattini, gynécologue-obstétricien au centre hospitalier de Troyes.
"C'est instructif, c’est très différent de ce que j'ai pu voir les fois précédentes donc c'est très intéressant", commente Carine Gehin, sage-femme orthogéniste.
Depuis quelques semaines, 26 centres en France participent à cette expérimentation. "Il y a de moins en moins de praticiens qui acceptent de faire les IVG, beaucoup mettent des clauses de conscience. Il y a une vraie évidence à faire entrer les sages-femmes dans cette pratique de l'IVG chirurgicale. Plus il y aura de praticiens, plus on améliorera la qualité des soins", précise Carine Gehin.
Observer 30 IVG avant d’en pratiquer 30
À Troyes, Carine n’est pas la seule sage-femme volontaire, il y aussi Claire. Elles devront observer 30 IVG avant d’en pratiquer 30, sous la supervision d’un chirurgien.
"L'observation est déjà une acquisition du geste. Dès la deuxième fois, je sentais que je connaissais un peu plus le déroulé", confie Claire Wolker-Jarfaut, sage-femme orthogéniste.
L’implication des sages-femmes a aussi un impact sur l’activité des gynécologues-obstétriciens."Pouvoir déléguer cette activité aux sages-femmes, c'est dans l'intention de mieux prendre en charge les patientes. Naturellement cela va libérer un temps pour nous, donc on peut faire autre chose, une autre intervention, voir des dossiers compliqués qui sont en attente", se réjouit le Dr Amjad Kattini.
Mieux accompagner les patientes
Claire s'occupe de la patiente après l'intervention. Jusqu’à présent, les sages-femmes accompagnaient les femmes tout au long de la démarche, sauf au bloc opératoire. Pratiquer l’opération était le dernier chainon manquant. Leur présence apaise les patientes.
À Troyes, les deux sages-femmes Claire et Carine devraient pratiquer seules d’ici septembre 2023.