L'aspirine réduit le risque de cancer du côlon chez certains obèses
Selon une récente étude anglaise la prise quotidienne d’aspirine protègerait du risque de cancer colorectal certains patients obèses et génétiquement prédisposés. Des travaux qui suggèrent que la protection conférée par le ce médicament anti-inflammatoire pourrait être efficace pour l’ensemble des personnes en surpoids.
Une étude menée par des chercheurs britanniques montre un effet protecteur vis-à-vis du cancer du côlon de la prise quotidienne d'aspirine pour les personnes obèses atteintes du syndrome de Lynch.
Cette affection génétique entraîne une plus forte incidence du cancer du côlon. Alors que le cancer colorectal est exceptionnel avant l’âge de 50 ans dans la population générale, les personnes atteintes du syndrome de Lynch ont un risque de développer un cancer colorectal de l’ordre de 10% à 50 ans et de 40% à 70 ans.
Surpoids et prédisposition génétique : la double pleine
Plusieurs travaux avaient précédemment montré l’effet protecteur de la prise régulière d’aspirine face à cette prédisposition génétique qui représente 3% de l'ensemble des cancers colorectaux. Mais les chercheurs des universités de Newcastle et Leeds en Angleterre, qui ont étudié près de 1.000 patients atteints du syndrome de Lynch durant 10 ans, se sont également intéressés à un autre facteur de risque du cancer du côlon : le surpoids.
Il est désormais clairement démontré que les kilos en trop, le manque d’activité physique ou une alimentation trop calorique augmentent le risque de développer un cancer colorectal. Cette hausse est d’autant plus nette chez les personnes atteintes de syndrome de Lynch.
L’étude britannique indique en effet que les patients prédisposés génétiquement et obèses ont 2,75 fois plus de risques de développer un cancer de l'intestin que ceux de poids normal. Chez les personnes dont l'Indice de masse corporelle (IMC) dépasse la valeur de 30, le risque de développer un cancer du côlon est même augmenté de 7% pour chaque unité supplémentaire.
"Le risque accru de cancer lié à l’excès pondéral peut être annulé par l'aspirine"
D’après les travaux publiés lundi 18 août 2015, dans la revue américaine Journal of Clinical Oncology, l’effet protecteur de l’aspirine se maintiendrait de manière significative malgré ce facteur de risque supplémentaire. L’ensemble des 937 participants à l’étude a ainsi pris soit deux aspirines par jour (600 mg) pendant deux ans, soit un placebo. Résultat, chez les patients ayant pris de l'aspirine, le risque était le même, qu'ils soient obèses ou non.
"Ces résultats sont importants pour les personnes atteintes du syndrome de Lynch, mais aussi pour le reste de la population", indique le Pr John Burn de l'Université de Newcastle qui a dirigé l’essai clinique. "Une grande partie de la population se débat avec son poids et cette étude suggère que le risque accru de cancer qui accompagne un excès pondéral peut être annulé en prenant de l'aspirine", estime le professeur de génétique.
"Cette recherche vient conforter une accumulation d'indices qui lient une inflammation accrue à un plus grand risque de cancer. L'obésité intensifie la réponse inflammatoire de l'organisme et l’aspirine semble neutraliser ce processus", a-t-il précisé.
En 2008, une étude parue dans The Lancet et menée sur 861 patients avait montré que la prise quotidienne de 600 mg d’aspirine durant deux ans réduisait d’un tiers le risque de survenue de cancer du côlon chez les personnes atteintes d’un syndrome de Lynch. Une autre, publiée en décembre 2010, dans la même revue avait démontré que 75 mg d'aspirine par jour au long court (5 à 15 ans ) réduisait de 20% la mortalité par cancer en général.
Du côté de l’université de Newcastle, un autre essai clinique plus étendu avec 3.000 participants est prévu pour tester les effets de différents dosages d'aspirine, précisent les chercheurs.
Le professeur Burn déconseille toutefois de commencer à prendre de l'aspirine régulièrement sans consulter préalablement un médecin étant donné les risques accrus d'hémorragie digestive et d'ulcère chez certaines personnes.