Cancer : retirer les ovaires en prévention
Angelina Jolie a récemment subi une ablation préventive des ovaires qui a fait suite à une double mastectomie. La raison : la génétique. Sa mère étant décédée prématurément à 56 ans d'un cancer ovarien. Comme l'actrice, 18.000 Françaises sont potentiellement confrontées à ce choix difficile de cette chirurgie préventive.
Ablation préventive des ovaires : une histoire de gènes
Les ovaires sont situés dans la cavité pelvienne. Ils sont reliés à l'utérus par des ligaments qui les maintiennent dans leur position. À chaque cycle, les ovaires assurent la croissance de plusieurs follicules contenant de futurs ovules.
Le cancer de l'ovaire est un cancer silencieux qui ne manifeste pas de symptômes particuliers ou des signes anodins comme des douleurs abdominales. Quand la personne consulte, le cancer est très souvent à un stade avancé.
Dans 5% à 10% des cas, la cause du cancer est génétique. Parmi les 30 à 40.000 gènes qui constituent notre ADN, deux gènes ont été identifiés. On les appelle les mutations BRCA1 et BRCA2, abréviations de "BReast CAncer" qui signifie "cancer du sein" en anglais. L'altération de ces gènes augmente considérablement le risque de développer un cancer du sein mais aussi un cancer des ovaires.
Ablation préventive des ovaires : la chirurgie
Pour éviter le développement d'un cancer, les médecins recommandent donc fortement aux femmes porteuses d’une mutation génétique de recourir à l'ablation préventive des ovaires et des seins.
Après un examen minutieux de la cavité abdominale, le chirurgien réalise un prélèvement pour vérifier l'absence de tumeurs microscopiques. Une fois ces vérifications terminées, le chirurgien procède à l'ablation des trompes et des ovaires. Chaque ligament reliant l'ovaire au reste du corps contient des vaisseaux sanguins. Pour éviter l'hémorragie, le chirurgien cautérise au fur et à mesure avec une pince chauffante.
Une fois les ovaires libérés de leurs attaches, le chirurgien peut alors les récupérer grâce à une poche en plastique. Les pièces opératoires sont ensuite envoyées au laboratoire pour analyses. "Dans plus de 97% des cas, les ovaires et les trompes sont considérés comme normaux. Et dans 2 à 3% des cas, on peut retrouver une forme microscopique de cancer de l'ovaire qui reste une forme qui se traite bien, qui se soigne et qui se guérit", explique le Dr Séverine Alran, chirurgienne cancérologue.
L'opération se faisant en ambulatoire, la patiente peut rentrer chez elle en fin de journée. "Si on réalise cette intervention à un âge où les femmes ne sont pas ménopausées, du jour au lendemain, elles passent d'un état de femme réglée normalement à une ménopause plus précoce et avec des réactions très différentes d'une femme à une autre", constate le Dr Alran.
Les patientes peuvent découvrir qu'elles sont porteuses d'une mutation génétique grâce à un test génétique. Une mutation BRCA1 augmente de 40% le risque de cancer des ovaires et de 70% celui du sein. Une mutation BRCA2 augmente quant à elle de 10 à 20% le risque de cancers ovariens et de 50% celui du sein. Le père comme la mère peut transmettre les deux mutations BRCA1 ou BRCA2.
Ablation préventive des ovaires : un choix responsable
En raison des difficultés du dépistage et de la gravité du cancer des ovaires, les recommandations internationales prévoient de réaliser l'ablation préventive des ovaires à partir de l'âge de 40 ans, parfois dès 35 ans selon l'histoire familiale. C'est le cas d'Edith.
Edith a une fille et elle l'informera en temps et en heure du risque de cancer héréditaire. Un choix responsable que la loi a d'ailleurs rendu obligatoire. Depuis 2013, toute personne se sachant porteuse d'une mutation génétique entraînant un risque de cancer se doit d'en informer sa famille. Si elle s'y refuse, son médecin a l'obligation d'en informer ses proches. Cette mesure permettra de proposer un test génétique aux personnes à risque et de leur offrir si nécessaire une prise en charge médicale précoce.
Aujourd'hui, seules 8% des femmes ayant une mutation génétique, sans antécédent de cancer, décident de pratiquer une ablation préventive des ovaires. Un chiffre qui devrait évoluer les prochaines années, avec la levée progressive du tabou qui entoure ce type d'opération. La seule ablation des ovaires évite de fait le risque de cancer ovarien et surtout divise par deux le risque de cancer du sein.