Cancer : vers un traitement innovant pour soigner les mélanomes ?
Introduire un anti-inflammatoire dans le traitement des mélanomes les plus agressifs pourrait en améliorer l’efficacité.
C’est une "première mondiale", pour l’Oncopole de Toulouse, l'un des centres de recherche sur le cancer les plus importants de France. Le site a en effet annoncé, le 29 janvier, à l’occasion du début de la Toulouse Onco Week 2018, avoir lancé la première phase d’une étude sur le traitement des mélanomes. Sa particularité ? Les chercheurs ont introduit un anti-inflammatoire dans le protocole de soins, ce qui permettrait, à terme, d’en améliorer l’efficacité.
"Eteindre l'inflammation et laisser le système immunitaire éteindre la tumeur"
Actuellement, les mélanomes sont soignés par immunothérapie. "Dans un mélanome, il y a une protéine appelée TNF (Tumor necrosis factor). Quand le cancer se développe, c'est qu'il a été capable de neutraliser le système immunitaire. C'est dans ce cas qu'on utilise l’immunothérapie depuis quatre à cinq ans", explique le Pr Bruno Ségui à l’AFP. Mais ce traitement a ses limites, comme le rappelle le Pr Ségui : "Quand on utilise l'immunothérapie, on crée une inflammation dans le cancer. Et cette inflammation va avoir un effet négatif. Elle va permettre aux cellules cancéreuses de se protéger de l'immunothérapie, et la tumeur peut reprendre sa progression."
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D’où l’aspect innovant de l’étude toulousaine, qui brise un "dogme médical" après six ans de travaux. Ici, il est question d’utiliser un anti-inflammatoire appelé anti-TNF, déjà utilisé pour traiter des maladies auto-immunes comme le psoriasis ou la maladie de Crohn. Il a pour objectif de stopper la dynamique introduite par l’immunothérapie. "Avec l'anti-TNF, le but est d'éteindre l'inflammation et de laisser le système immunitaire éteindre la tumeur", ajoute le Pr Ségui. Autre point positif du traitement par anti-TNF, selon les chercheurs : il y aurait moins d'effets indésirables.
Généraliser cette approche d'ici trois à quatre ans
L’étude concerne les mélanomes ayant "50 %" de risques de se métastaser. Durant la phase 1, six patients vont expérimenter ce traitement. Six patients supplémentaires en bénéficieront à leur tour si aucun effet nocif n’est décelé. Puis, 18 mois plus tard, si, encore une fois, aucun effet indésirable n’est détecté, 18 malades participeront. Pour les chercheurs, le but est de généraliser cette approche d'ici "trois à quatre ans".
Chaque année en France, "12 000 cas de mélanomes sont diagnostiqués, dont 2 500 à 3 000 vont se métastaser et vont nécessiter un traitement d'immunothérapie" constate le Pr Nicolas Meyer, co-directeur de l’étude. Selon lui, le nombre de mélanomes pourrait doubler d'ici 20 ans. En cause, la trop grande exposition au soleil des Français.