Un test pour détecter un cancer de la vessie 10 ans avant le diagnostic
Des chercheurs de l’Organisation mondiale de la Santé ont mis au point un test urinaire capable de détecter un cancer de la vessie jusqu’à 10 ans avant le diagnostic. Ce test détecte des mutations de l’ADN fréquentes dans ce cancer.
Un simple test d'urine pour détecter au plus tôt un cancer de la vessie. C’est le projet de plusieurs scientifiques du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) basée à Lyon.
Selon l’étude qu’ils révèlent le 17 février 2020 dans la revue EBioMedicine, publiée par The Lancet, ce test permettrait de détecter des mutations génétiques annonciatrices d'un cancer de la vessie 10 ans avant que le diagnostic soit posé.
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Des mutations détectées chez un patient sur deux
En pratique, ce test vise à détecter dans l’urine d’éventuelles mutations du gène TERT (pour telomerase reverse transcriptase). Ces modifications de l’ADN sont fréquentes dans le cancer de la vessie.
Pour réaliser leur recherche, les scientifiques ont collaboré avec l’université des sciences médicales de Téhéran et se sont appuyés sur une cohorte de 50.045 Iraniens suivis pendant 10 ans. Leur objectif : évaluer la capacité du gène TERT à indiquer de façon précoce la survenue d’un cancer de la vessie. Ils ont donc utilisé des échantillons d’urine, recueillis jusqu’à 10 ans avant le diagnostic chez 38 personnes sans symptômes qui ont ensuite développé un cancer de la vessie. En parallèle, les chercheurs ont analysé les échantillons de 152 témoins qui n’ont pas développé de cancer.
Résultats : pour près de la moitié des patients (46,7%) des patients qui ont développé un cancer, les mutations pouvaient être détectées dans les urines jusqu’à 10 ans avant le diagnostic.
Et, dans le même temps, aucune mutation n’a été détectée chez les témoins, c’est-à-dire les participants qui n’ont pas développé de cancer de la vessie.
Vers un test moins invasif et moins cher
"Ce test pourrait améliorer et simplifier considérablement la manière dont le cancer de la vessie est détecté" se réjouit dans un communiqué de l’OMS la docteure Florence Le Calvez-Kelm, scientifique au CIRC et principale autrice de l’étude.
Une avancée importante car actuellement, aucun des tests d’urine disponibles n’est recommandé par les sociétés d’urologie, car aucun n'a pu prouver son efficacité à détecter précocément le cancer de la vessie. Le dépistage se fait donc principalement au moyen de procédures invasives et coûteuses comme la cystoscopie, un examen qui consiste à explorer la paroi interne de la vessie au moyen d’un endoscope.
Ce nouveau test moins invasif et moins coûteux serait donc particulièrement intéressant pour dépister les sujets à haut risque de développer ce cancer.
Prochain étape : valider ces résultats grâce à des études menées à plus grande échelle, avant d’envisager la mise en place en pratique de ce type de test. Mais les chercheurs espèrent que ce dépistage urinaire soit rapidement mis en place, en rappelant qu’en 2018, 549.000 cas de cancer de la vessie ont été enregistrés à travers le monde et 200.000 personnes en sont mortes.